Les usagers des transports publics de voyageurs risquent encore une fois de faire les frais d'une guerre d'intérêts que livrent les «barons du transport». Rien ne va plus dans le secteur du transport à Béjaïa. Hier, une grève a paralysé pratiquement toutes les lignes urbaines et interurbaines. Les exploitants affiliés à l'Ugca réclament une baisse des impôts, l'aménagement des arrêts dignes de ce nom et la réfection des tronçons routiers. Le mouvement de grève, entamé hier, se poursuivra trois jours durant. Il a été appuyé, hier, par un sit-in des transporteurs, devant le siège de la direction des transports. Les grévistes menacent, par ailleurs, de relever le prix des tickets de l'ordre de 30 à 40DA si les pouvoirs publics n'accèdent pas à leur demande de réduction des impôts. Hier, la paralysie est ressentie durement par les usagers qui furent, faut-il le noter, surpris par la décision des opérateurs. Intervenant dans une conjoncture marquée par la rentrée scolaire, des milliers d'étudiants ont été contraints de rebrousser chemin. En ville, la situation était aussi catastrophique. Les citadins, pour se rendre au travail ou à l'école, ont été contraints à la marche à pied. De tous les secteurs d'activité à Béjaïa, celui du transport reste incontestablement le plus perturbé cette année. Des perturbations traduisant, on ne peut mieux, l'urgence de revoir toute la copie dans ce domaine, considéré à juste raison comme le poumon de la ville et de la wilaya. Le débrayage d'hier n'est pas unique en son genre cette année. Des actions similaires sont légion à Béjaïa. A bien analyser la série de mouvements de grève qui ont secoué ce secteur, il est aisé de distinguer les urgences et de prendre directement des mesures adéquates. Faut-il pour autant qu'il y ait des bonnes volontés? Si les mouvements de grève ont soulevé des problèmes liés directement à la profession, notamment l'aménagement d'une gare routière, la réorganisation de la planification du programme transport tous types confondus, il reste que les usagers ne veulent plus de ces moyens de transport désuets. L'espoir demeure dans l'aboutissement futur de l'utilisation des autocars de 40 places sur les lignes urbaines, et pourquoi pas des tramways. Béjaïa peut s'offrir ce luxe, notamment sur l'axe principale de la ville. Un système qui a le double avantage d'assurer d'abord le confort aux usagers puis de réduire, par la même occasion, la densité de la circulation dans les centres urbains; mais, lorsque les ruelles ne s'y prêtent pas, les moyens actuels suffisent largement. Par ailleurs, le problème de l'absence d'une véritable gare routière à Béjaïa se pose toujours avec acuité. Si un début de solution s'est manifesté pendant un certain moment, il reste que le lancement des travaux tarde à venir. Longtemps rendu impossible en raison de l'indisponibilité d'assiette foncière semble-t-il, le projet en question verra tout de même le jour au niveau du quartier Quatre Chemins. L'absence d'une gare routière dans la ville de Béjaïa a souvent été avancée comme facteur aggravant la situation d'anarchie qui caractérise le secteur, particulièrement dans son chapitre transport interurbain. Jusqu'à présent et sans doute pour longtemps encore, les usagers souffriront le calvaire de l'actuelle aire de stationnement du stade de l'Unité maghrébine. C'est elle qui continue à faire office de «gare routière». Un lieu loin de répondre aux exigences des transporteurs et des usagers, car dépourvu de la moindre commodité, donnant ainsi l'image parfaite de la situation qui prévaut dans le secteur des transports. La même image se dégage au niveau de l'autre aire de stationnement réservée aux transporteurs et usagers de la côte ouest de la ville. Interpellés à plusieurs reprises sur le problème, les pouvoirs publics sont restés impuissants face à une situation des plus complexes par l'absence d'une structure de contrôle. Dans tout ce brouhaha, les usagers semblent être réellement le dernier souci des grévistes et des autorités. Après avoir accepté, la mort dans l'âme, les augmentations des tarifs, les usagers des transports publics de voyageurs risquent encore une fois de faire les frais d'une guerre d'intérêts que livrent les «barons du transport» à Béjaïa. Présentement, l'usager subit les contre coups de la grève. Hier, il y a eu malaise et désapprobation au sein de la population.