Le massacre est d'ordre écologique, et il est quasi total. Par l'action continue de la gelée, tout ce qui est vert a pratiquement viré au roux comme si d'invisibles langues de feu eussent léché bois et plaines. Acacia, troène, sureau, faux poivrier, bigaradier, eucalyptus, tous ces arbres à caractère ornemental qui bordent les rues de Bouira présentent cet aspect maladif des plantes frappées en plein cœur par quelque agent nocif. Les dégâts seraient plus palpables concernant l'oranger et le mandarinier du côté de Kadiria et de Lakhdaria, si l'on en croit un technicien agricole. A cette action due au gel qui persiste depuis le début du mois de janvier et où la température est descendue jusqu'à 10°C, il faut ajouter celle de la neige qui a tout recouvert d'une épaisse couche dépassant les 60 cm en plaine. Et là encore, l'arboriculture fruitière et l'horticulture sont celles qui ont le plus souffert. Olivier, néflier, à l'instar du troène, de l'acacia et de l'eucalyptus, n'ont pu résister au poids de la neige qui recouvrait leur faîte. Les branches pliant sous ce poids ont cédé. Heureusement, nous assure un ingénieur, les conifères qui peuplent nos forêts à hauteur de 70% ont pu échapper à ce massacre en raison du peu de prise que représentent leurs cimes à la neige et en raison aussi de la résistance de leurs feuilles en forme d'aiguille à tout agent stressant.