bien plus qu'un trouble de la parole, le bégaiement est un phénomène complexe qui va au-delà de la simple et classique répétition des sons, le prolongement des syllabes et autres troubles de la parole. Le bégaiement affecte toute la personne, impliquant, outre les troubles de la parole, la communication et le comportement. La Journée mondiale du bégaiement, coïncidant au 22 octobre de chaque année, doit être l'occasion pour prendre au sérieux cette pathologie. Pour Nafissa Chamek, orthophoniste à l'hôpital de Kouba, le bégaiement est défini comme étant une perturbation particulière des activités psycholinguistiques dont le plus apparent est le trouble élocutoire. Selon notre interlocutrice, l'on note chez les personnes présentant un bégaiement, des troubles plus ou moins importants du rythme de la parole. Celle-ci est rapide ou saccadée, alors que la mélodie est altérée en présence d'un interlocuteur. Ce trouble affecte 1% de la population, touche trois garçons pour une fille et débute le plus souvent entre trois et sept ans. «Avant l'âge de six ans, un enfant sur dix présente un léger défaut dans la prononciation des mots.», souligne Salma Fantazi, orthophoniste à l'EPSP de Mouzaïa. Et de poursuivre : «Dans 40% des cas, la mauvaise articulation des mots va persister à l'âge adulte et provoquer ainsi des troubles de la parole.» Les situations de bégaiement varient d'une personne à une autre, et selon le contexte. Il en est de même pour ses conséquences sur l'intégration sociale, scolaire ou professionnelle. Chez l'enfant scolarisé, le bégaiement est l'une des causes essentielles de l'échec scolaire. Les écoliers souffrant de bégaiement font souvent l'objet de moquerie de leurs camarades. «Chez l'adulte, le bégaiement, prend une connotation particulière, dans la mesure où le trouble est presque ancien et bien ancré dans sa personnalité», souligne Melle Chamek. Et de noter : «Les perturbations psychologiques que ce trouble entraîne ont un retentissement important sur la communication interindividuelle.» La honte du trouble, la culpabilité, la frustration de ne pouvoir communiquer convenablement avec les autres et la mauvaise estimation de soi sont autant de comportements et de sentiments qu'éprouvent les personnes bègues pour elles-mêmes. Nos deux orthophonistes déplorent le manque d'informations, la négligence des enseignants quant à la nécessité de prise en charge de ce trouble et le peu de considération accordée à la rééducation orthophonique. 196 orthophonistes exercent en santé publique, la plupart d'entre eux sont affectés dans les UDS.