Un chiffre en deçà de la forte demande de ces spécialistes dans la prévention et la rééducation des différentes formes des troubles du langage ainsi que les troubles spécifiques d'apprentissage, tels que la dyslexie, la dyscalculie, la dysgraphie et la dysorthographie. Le bégaiement, dont la journée mondiale est célébrée le 22 octobre de chaque année, est surtout l'occasion pour les non-bégayants de prendre conscience des difficultés relationnelles qu'entraîne ce handicap. Moqueries des camarades de classe et des copains du quartier, pression des parents ne comprenant pas ce phénomène, repli sur soi sont autant de phénomènes préjudiciables pour la vie des enfants surtout atteints de ce trouble. Selon des estimations, 1% de la population mondiale bégaierait, soit environ 60 millions de personnes, alors qu'un enfant sur quatre souffre de ce trouble que l'on rencontre souvent chez les garçons que les filles. Toutefois, et même si les spécialistes n'ont pas encore déterminé les causes de ce trouble du langage, il est possible de le contrôler ou de le guérir par des traitements orthophoniques et psychologiques. Malheureusement, une bonne prise en charge de cette pathologie chez nous se fait encore désirée. «Le bégaiement dit physiologique apparaît à l'âge de trois ans avec l'apparition du langage. En essayant d'imiter le langage des adultes, l'enfant va commencer à avaler des mots et à saccader son parler», explique Mme Naït Kaci Fouzia, orthophoniste. Il existe aussi une autre forme de bégaiement dit génétique. Celui-ci peut apparaître, comme le souligne notre interlocutrice, suiteà un choc émotionnel. Le bégaiement par imitation peut lui aussi s'installer chez l'enfant pour devenir par la suite un véritable trouble. Les psychologues orthophonistes de la wilaya de Blida, tous concentrés au niveau du CHU Frantz Fanon et de Ben Boulaïd, font face à une demande toujours croissante qui demande des conditions de travail adéquates et un matériel psychométrique spécifique. Les orthophonistes de l'unité hospitalière Ben Boulaïd prennent en charge les enfants dans des conditions déplorables qui ne permettent en aucun cas un bon suivi. A cela s'ajoute «le manque de motivation des enseignants qui ne collaborent pas avec nous pour mieux aider l'enfant dans la rééducation du trouble», déplore Melle Hernoufi Hadjer, orthophoniste au niveau de l'unité en question. S'il existe des orthophonistes au niveau du chef-lieu de la wilaya, il n'en est rien au niveau des daïras et communes. Aucun spécialiste n'exerce à Mouzaïa, ni à Oued El Alleug, ni à El Affroun, pour ne citer que ces villes dont le nombre de la population ne cesse de s'accroître. Pourtant, leur apport, surtout en milieu scolaire, est plus qu'une nécessité, un droit. «L'échec scolaire est souvent lié au bégaiement», affirme Melle Hernoufi. Si la règlementation en matière de couverture sanitaire scolaire exige la présence d'un orthophoniste dans l'équipe médicale de l'UDS (Unité de dépistage scolaire), la réalité sur le terrain est toute autre et elle pénalise l'enfant scolarisé, puisque le bégaiement va constituer pour lui un véritable handicap, faute d'une prise en charge. L'université de Blida forme, à elle seule, une centaine d'orthophonistes par an, mais la grande majorité d'entre eux ne sont pas recrutés, faute de postes budgétaires et ce, en dépit de leur «grande» utilité dans la société. Une enseignante, ayant à son actif une trentaine d'années d'expérience professionnelle à Blida, atteste que, durant toute sa carrière, le psychologue n'est passé qu'une seule fois dans son établissement ! «La seule solution pour moi est de faire apprendre à mes élèves atteints de troubles du langage le chant, afin qu'ils puissent se libérer de leur complexe, en attendant des jours meilleurs», nous informera- t-elle d'un air impuissant. .