Le gouvernement, en interdisant les crédits à la consommation, a épargné le créneau de ceux à l'immobilier. Dans cette volonté affichée de développer, selon la sémantique officielle, le secteur de l'immobilier, des facteurs handicapants risquent de tordre le cou à cette nouvelle orientation. Les taux d'intérêt appliqués par les banques lors de l'octroi des crédits immobiliers ne sont pas de nature à arranger les bourses moyennes, déjà faméliques. Variant entre 8,5% et 10% en hors taxes, le taux d'intérêt appliqué par les banques publiques ou étrangères installées en Algérie, même s'il n'a rien à voir avec ceux pratiqués dans les pays de l'Europe de l'Est (20%), est jugé trop élevé. La particularité est que les taux d'intérêt applicables sont différents d'une banque à une autre. Ceci sans compter les frais de dossier qui égalent 1% du montant du financement, inclus dans la première mensualité ainsi que les saisies de garanties et des biens hypothéqués. Même si les citoyens désirant acquérir un logement revendiquent une réduction de taux, les représentants des banques algériennes restent toutefois inflexibles. Abderrahmane Benkhalfa, secrétaire général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), se targue même du fait que le taux d'intérêt appliqué en Algérie est en baisse par rapport à ceux pratiqués par d'autres pays. « Le taux d'intérêt évolue selon le marché. Celui-ci a connu une tendance baissière alors qu'il est plus élevé dans d'autres pays », précise-t-il dans une déclaration à El Watan, en rappelant que la définition de ce taux tient compte des coûts de gestion et de fonctionnement des banques. Même s'il écarte implicitement toute révision à la baisse des intérêts pratiqués, il révèle en revanche que les pouvoirs publics ont apporté, par le biais de loi de finances complémentaire 2009, une bonification sur ce taux pour les personnes dont les salaires sont faibles. « Maintenant, il faut attendre la publication des textes d'application pour juger des répercussions de cette bonification sur la gestion des banques », a-t-il encore dit. Avec cette nouvelle trouvaille, il serait illusoire de penser à une probable baisse du coût des emprunts. En février dernier, Djamel Bessa, président de l'ABEF, avait balayé d'un revers de la main toute idée portant sur la réduction de ces taux d'intérêt, en estimant que « la politique du pire n'est pas une bonne politique ». « Il faudrait trouver d'autres créneaux pour l'utilisation de ces ressources. Il ne faut pas que cela soit appliqué au détriment des équilibres des banques. Ça ne servira ni le citoyen ni la banque », avait-il notifié. Pour rappel, le crédit immobilier en Algérie représente 60% du total des crédits accordés en 2008 aux particuliers par les banques algériennes et étrangères, soit une valeur de 110 milliards de dinars.