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"Le pouvoir marocain s'est tiré une balle dans le pied"
Ahmed Reda Benchemsi. Directeur de l'hebdomadaire marocain TelQuel
Publié dans El Watan le 07 - 08 - 2009

Les Marocains adorent leur roi, Mohammed VI. Mais « M6 » ne veut pas que cela se sache. La preuve : les autorités ont détruit le dernier numéro de l'hebdomadaire TelQuel et sa version en arabe Nichane. La raison ? Les deux publications marocaines devaient publier un sondage inédit sur le bilan des dix années de règne du souverain. Ce sondage, publié par le quotidien français Le Monde, montre que 91% des Marocains jugent de manière positive le monarque. Ahmed Réda Benchemsi, directeur de l'hebdomadaire TelQuel, et Nichane, est à l'interview.
Votre réaction après la saisie de vos publications…
Bien sûr que je condamne la saisie et la destruction de 100 000 exemplaires des deux magazines. Le samedi 1er août, alors qu'ils étaient encore sous presse, le ministère de l'Intérieur a ordonné leur saisie, puis leur destruction dans les locaux même de l'imprimerie. Les autorités reprochent à nos magazines d'avoir voulu publier, en partenariat avec Le Monde, un sondage d'opinion sur le bilan des dix ans de règne. Et cela, même si les Marocains plébiscitent le souverain dans leur écrasante majorité. 91% d'entre eux estiment, en effet, que son bilan est de « positif » à « très positif ».
Comment expliquez-vous cette réaction ?
Officiellement : « La monarchie ne peut être mise en débat, même par la voie d'un sondage ». C'est contraire à sa sacralité. On nous dit ainsi que TelQuel a enfreint les lois et règlements en vigueur. Sauf qu'aucune loi marocaine n'interdit la publication d'un sondage.
Vous voulez dire que sonder la popularité du roi est interdite ?
C'est ce que le gouvernement marocain veut nous faire croire. Sauf qu'il a violé la loi deux fois en saisissant nos publications sans raison et pour avoir détruit tous les exemplaires à l'imprimerie.
Mais est-ce dû au fait que la personne du roi est sacrée ?
Oui, mais cela ne doit pas empêcher les Marocains de donner leur avis sur leur souverain. Dans les démocraties achevées, les sondages d'opinion, même au sujet d'un chef d'Etat non élu, sont non seulement un vecteur d'expression démocratique et populaire, mais un outil de gouvernance public indispensable.
Le plus étonnant est que votre sondage est favorable à Mohammed VI...
C'est la première fois qu'un sondage est réalisé sur le roi du Maroc. Et ça dérange le gouvernement. Sauf qu'il faudrait être cohérent. Que veut-on ? On veut rester dans une théocratie absolue où le roi est un symbole tel que parler de lui est un sacrilège, ou alors veut-on avancer vers un régime engagé dans un processus de démocratisation ? Les autorités sont déchirées entre ces deux options. Elles veulent une « monarchie exécutive et démocratique » (l'expression est de Mohammed VI) mais sans cet « inconvénient » de la démocratie qui est la responsabilité devant l'opinion publique. C'est impossible. Dans une démocratie, on peut critiquer le chef exécutif, sinon, ce n'est pas une démocratie. Ce n'est même pas une revendication politique, c'est juste logique.
Et si votre sondage avait été négatif ?
Nous l'aurions publié quand même. En sachant, cette fois, que nous prenions un risque. Mais nous l'aurions fait parce que c'est notre métier. Il se trouve que les résultats étaient positifs. Nous nous sommes donc dit qu'il n'y avait aucune crainte à avoir.
La semaine passée, la presse mondiale a salué les 10 ans de règne de Mohammed VI. Ces commémorations se terminent sur une fausse note…
Oui, à mon grand regret. Force est de constater que le pouvoir marocain s'est tiré une balle dans le pied. A l'heure d'Internet, il est absurde de censurer quoi que ce soit.
Il y a des sujets tabous que la presse marocaine n'aborde pas, comme le Sahara-Occidental, la fortune du roi…
J'étais à Tindouf, en Algérie, pour visiter les camps sahraouis avec un collègue. Nous avons réalisé un reportage, mais nous n'avons jamais été inquiétés par les autorités. On a aussi enquêté sur la fortune du roi, et cela a été publié sans problème. Il n'y a quasiment plus de sujets interdits au Maroc. La religion aussi est débattue. Mais parfois, le couperet tombe, brutalement. C'est la limite de la liberté d'expression au Maroc : l'imprévisibilité des réactions des responsables. En gros : nous sommes libres jusqu'à preuve du contraire.
Les personnes sondées risquent-elles quelque chose ?
Bien sûr que non. Ce n'est pas leur identité qui a été prise en compte pour les choisir parmi l'échantillon que nous avons sondé, mais leur âge, leur sexe, leur lieu de résidence, leur catégorie socio-économique, bref leur représentativité. Aller traquer les gens qui ont répondu à un sondage serait effroyable, digne de la pire des dictatures. La révélation de ce sondage est qu'une majorité de Marocains est contre la Moudawana et le combat du roi pour les droits des femmes. C'est la grande surprise, avec la pauvreté. Seuls 37% des Marocains estiment que la situation s'est améliorée pour les pauvres en dix ans. Le peuple juge aussi que le roi est trop féministe. A part ces critiques, notre sondage sur le roi n'avait rien de spécial. Sauf qu'il était le premier, et au vu de ce qui s'est passé, probablement le dernier. Dommage pour la démocratie !
Bio express
Titulaire d'une maîtrise en économie de la Sorbonne et d'un troisième cycle en études politiques de Sciences Po, ce jeune homme de 36 ans, à l'allure mince et timide, a été concepteur à Saga Communication et journaliste à La Vie Economique, correspondant à Jeune Afrique, avant de fonder l'hebdomadaire TelQuel (25 000 exemplaires vendus). Le ton libre et sans tabou de TelQuel et de sa version arabe Nichane – concernant la monarchie, la religion, la sexualité, l'armée – a valu à Benchemsi et à son équipe plusieurs poursuites en justice.


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