Première image : l'homme marche seul dans une rue déserte. Tête baissée et mains dans les poches, il marche vers une destination inconnue sous couvert de la nuit. Deuxième image : un boxeur solitaire, noir de peau, s'entraîne face à un miroir. Plus haut, un portait de Rocky (Silvester Stalone) les mains en l'air, signe d'une certaine victoire. Deux photos expressives de Nasser Medjkane et de Sid Ahmed Semiane illustrent Alger, quand la ville dort, un recueil de textes et de photos de 175 pages paru aux éditions Barzakh. Habib Ayoub, Hajar Bali, Chawki Amari, Kaouther Adimi, Kamel Daoud, Ali Malek et Sid Ahmed Semiane ont écrit des textes sur ce qu'ils pensent de la ville blanche. Mais la ville dort-elle ? «Pour nos dix ans, on voulait donner un exercice à quelques-uns de nos auteurs pour qu'ils écrivent sur Alger, la nuit. Durant la vie nocturne, il se passe beaucoup de choses, des faits divers, des anecdotes», nous a expliqué Sofiane Hadjaj, coresponsable des éditions. Les textes sont, selon lui, différents et ressemblent à leurs auteurs. Habib Ayoub estime, par exemple, qu'Alger est «le nombril du monde», alors que Kamel Daoud s'est intéressé à «la transsexuelle ‘‘Est-Ouest'', Hajar Bali aux ‘‘chiens errants''». «Les textes évoquent une ville contrastée, pessimiste, avec des histoires sordides d'enlèvement, de viol et de drogue. Mais comme toutes les grandes villes du monde, Alger a également ce côté urbain, nocturne, qui raconte une autre réalité qu'on connaît mal», a-t-il ajouté. Alger, quand la ville dort, est un clin d'œil au célèbre film noir de John Huston, Asphalt Jungle, sorti en 1950 et inspiré d'un roman de William Burnett. L'ouvrage a fait l'objet d'un débat avec les auteurs, samedi 4 décembre, à la librairie Chihab à Alger. Par ailleurs, les éditions Barzakh viennent de rééditer le roman de la Libanaise Rasha Al Ameer, Yaoum Eddine. «C'est un livre qui a fait couler beaucoup d'encre et a été publié dans le monde arabe. Comment une femme peut se mettre dans la peau d'un imam ? Elle se met à parler comme un homme, un homme religieux qui découvre l'amour. Le roman est écrit dans un arabe coranique. Au milieu, il y a El Moutanabi. Aujourd'hui, une romancière contemporaine peut utiliser une langue classique et évoquer les questions de l'identité, de l'amour et de la religion», a expliqué Sofiane Hadjadj. D'autres projets vont être développés avec la maison d'édition libanaise Dar Al Jadid (qui a publié Yaoum Eddine). Il s'agit, entre autres, d'une coédition du prochain roman de Mohamed Sari, Pluie d'or (titre provisoire), à Alger et à Beyrouth, et un beau livre autour du poème de Mahmoud Darwich, Ahda achara kawoukaben (Onze planètes).