Le système a réussi à neutraliser les partis d'opposition et les institutions. Tel est le constat établi par le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Mustapha Bouchachi. Intervenant lors d'un point de presse animé, hier à Alger, l'orateur affirme que « le système a mis en place un plan qui visait à atteindre cet objectif ». Le résultat, déclare-t-il, est clair : « Il n'y a plus de vie politique et partisane dans le pays depuis 10 ans. Les partis d'opposition qui jouissent d'une certaine crédibilité ont été neutralisés. » La démarche adoptée par le système à cet effet est basée, selon lui, sur le parasitage et l'affaiblissement des partis. « Toutes les organisations et toutes les associations ont connu des problèmes internes. Le système a déstabilisé tous les partis qui le dérangent », rappelle-t-il. L'interlocuteur ne dédouane pas toutefois les leaders des partis politiques qui assument, dit-il, une part de responsabilité dans cette situation. « Les chefs des partis ont reproduit les mêmes pratiques du système du parti unique en rejetant le principe de l'alternance au sein de leurs organisations », lance-t-il. En plus des partis, les institutions du pays sont également affaiblies. Ni le Parlement ni la justice, estime-t-il, ne jouent leur rôle sur le terrain. Selon lui, « ils obéissent tous les deux à l'Exécutif ». « Durant la session du printemps du Parlement, l'APN n'a examiné qu'un seul projet de loi. Le gouvernement a choisi la période des vacances pour légiférer par ordonnances. Le pouvoir législatif n'a plus aucune existence et c'est le même cas pour le pouvoir judiciaire », déplore-t-il. « L'état d'urgence est illégal » Pour Mustapha Bouchachi, « l'Etat algérien n'est pas celui des institutions fortes ». « Il est beaucoup plus celui des personnes puissantes », note-t-il. Dans ce sens, il revient sur le maintien, depuis 17 ans, de l'état d'urgence. « Cette mesure est illégale. L'état d'urgence devrait être limité dans le temps, mais chez nous, il est indéfini », lance-t-il. Depuis sa mise en place en 1992, il n'y a jamais eu de débat à l'APN autour de son maintien. Affirmant que la LADDH revendique toujours la levée de cette mesure, Mustapha Bouchachi explique que son maintien devrait être, au moins, décidé dans un cadre légal en votant un texte de loi. Nouredine Benyessad, vice-président de la ligue, relève quant à lui que « l'état d'urgence a été décidé par une instance anticonstitutionnelle qui est le Conseil national de transition ». Tous ces facteurs contribuent, selon les responsables de la LADDH, à la violation des droits de l'homme et des libertés individuelles. Sur le plan social, la situation n'est pas reluisante. Selon Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la ligue, la prochaine rentrée sociale risque d'être explosive. Il se dit favorable à l'élaboration d'un manifeste « pour appeler le pouvoir à regarder le peuple en face afin de constater ses souffrances ». Ali Yahia Abdennour critique également la charte pour la paix et la réconciliation qui, selon lui, a échoué, en citant les derniers attentats terroristes qui ont coûté la vie à plus d'une trentaine de militaires. A l'occasion de ce point de presse, les responsables de la LADDH ont présenté les résultats finaux de l'étude sur le traitement de la dernière élection présidentielle par les médias nationaux (privés et publics). Une étude qui confirme la partialité des médias qui ont largement favorisé le président-candidat, Abdelaziz Bouteflika.