Les représentants de la Ligue s'accordent à dire que la révision de la Constitution n'est pas une priorité de l'heure. Constat amer. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, (Laddh) tire la sonnette d'alarme. Dans une conférence de presse animée, hier, le président de l'organisation, Maître Mustapha Bouchachi, a fait un compte-rendu négatif de la situation des droits de l'homme en Algérie. L'état d'urgence, les prisonniers, les violations, les harragas, le Code pénal, sont autant d'éléments ayant amené le président de la Laddh à établir un tel constat. En préambule, Maître Bouchachi est revenu sur l'état d'urgence instauré en 1992. «C'est regrettable de voir que des pays voisins manifestent pour exprimer leur solidarité avec le peuple palestinien et que chez nous, nous ne pouvons même pas le faire», a-t-il déploré tout en dénonçant les massacres commis par Israël. Le maintien de l'état d'urgence, explique-t-il, est contraire aux principes des libertés publiques. «C'est très dangereux», a-t-il estimé en expliquant que «l'Etat peut empêcher certaines manifestations, mais pas au point de les interdire». Cette mesure constitue, selon lui, un handicap majeur pour la promotion des libertés d'expression et des droits civiques et politiques. La ligue réitère son invitation aux pouvoirs publics à lever l'état d'urgence. L'organisation compte aller jusqu'au bout. Elle invite les représentants de la société civile à former une alliance autour de cette revendication. Le président de la Ligue a également dénoncé le nouveau Code pénal qui autorise les éléments de la Sûreté à «investir» le domicile privé sans aucune autorisation. «Ce genre de lois n'a jamais existé, même à l'époque du parti unique», témoigne-t-il en affirmant que «c'est une violation des droits de l'homme». Ce Code, précise-t-il, est en contradiction avec la Constitution qui interdit toute atteinte à la vie privée des individus. Dans son constat, le président de la Ligue s'est basé sur d'autres cas. Il citera, dans ce sens, le cas des détenus torturés à la prison d'El-Harrach. «Des dizaines de personnes sont torturées dans les commissariats de police sans que personne ne réagisse», a-t-il affirmé. Interrogé par ailleurs sur la révision de la Constitution, Maître Bouchachi a fait savoir que les pays qui procèdent à la révision de leur Constitution chaque dix ans font preuve de manque de crédibilité. Pour lui, le sujet n'est pas la priorité de l'heure. «Il faut qu'il y ait un débat d'abord pour voir si le climat est propice pour entamer cette question et ensuite parler de ce qu'il faut revoir», a-t-il suggéré. De son côté, l'ancien président de la ligue a tenu à répondre aux déclarations de Farouk Ksentini sur le troisième mandat. Maître Ali Yahia Abdenour n'a pas mâché ses mots en affirmant: «Ksentini ne doit pas parler au nom des droits de l'homme mais en tant que chargé de l'administration au sein des droits de l'homme.» Le défenseur des droits de l'homme pense à un changement profond et non pas seulement de la Constitution. «Il faut respecter la Constitution», a-t-il insisté.