Des dizaines de voyageurs venant des localités de Draâ El Mizan, de Boghni, de Draâ Ben Khedda et d'Alger rejoignent la ville de Tizi Ouzou à pied. Au milieu des panaches de fumée noirâtre et toxique, émanant des pneus brûlés, se tortille une vieille femme épaulée par un couple de mariés. Elle a été évacuée par les manifestants. Les transporteurs rebroussent chemin au niveau de l'intersection de la zone des dépôts. En effet, les habitants du quartier du Sud-Ouest ont bloqué la RN12 et la RN25 à la circulation automobile durant la matinée et jusqu'à tard dans l'après-midi d'hier, à l'aide de branches d'arbres, de pneus et de blocs en béton. Cette fois, ces citoyens font appel à l'intervention du procureur de la République dans une affaire qui les oppose à des policiers, dénonçant l'interpellation « arbitraire » de l'un de leur concitoyen. Tout a commencé au début de la semaine dernière. Un jeune avait été agressé à la gare routière de la ville de Tizi Ouzou. Il a signalé à la sûreté de wilaya les caractéristiques de son agresseur et l'endroit où il s'était dirigé. Les services de sécurité ont effectué une descente dans le quartier Saïd Amirouche appelé communément Sud-Ouest et interpellent un jeune étudiant de 19 ans qui répondait, aux yeux des policiers au signalement. L'étudiant raconte : « J'ai été embarqué au commissariat où se trouvait le jeune qui a été agressé. Il m'a innocenté, mais les policiers m'ont malmené. » Raccompagné dans son quartier par des éléments de la police, le père du jeune s'emporta contre les policiers en dénonçant « l'interpellation arbitraire » de son fils. Le fils aîné dira : « Mon père qui se trouve actuellement en prison avait été tabassé par ces policiers au niveau du point de contrôle de la BMPG en lui causant des lésions aux genoux, aux coudes, et une plaie sur le front provoquée par un coup de crosse », s'indigne-t-il. Il ajoute : « Les commerçants en sont témoins, puisque c'est eux qui l'ont extirpé des mains des policiers. » Parti déposer une plainte auprès de la sûreté de wilaya, le lendemain, le père de l'étudiant, 58 ans, s'est vu incarcérer. En fin d'après-midi d'hier, le procureur a signifié aux manifestants que le dossier sera présenté aujourd'hui, au président de la cour, en recommandant la constitution de témoins.