Il y a un peu plus de deux décennies, le village de Guettar El Aïch était un passage obligé vers la ville de Aïn M'lila. Ceci avant la réalisation du nouveau contournement de la RN79. Un petit pont passant sur l'oued sert d'accès à un village qui ne diffère en rien des autres contrées oubliées de la wilaya. Cinq minutes à peine suffisent pour faire le tour des lieux en voiture. Le village se résume à trois grands îlots d'habitations hétéroclites, séparées par deux routes, tracées à l'équerre, alors qu'une troisième est toujours à l'état de terre battue. Au sommet de la colline se trouve une petite fontaine sur laquelle est gravée une date dont la plupart des jeunes ne connaissent pas la signification. L'année 1868 a vu l'arrivée, au village, des premiers colons français. «Mis à part quelques réalisations, nous continuons de vivre comme au bon vieux temps», déclare un commerçant. Les souvenirs des évènements survenus au mois de septembre 2006 sont encore vivaces. A l'époque, l'opération de démolition de gourbis décidée par l'APC d'El Khroub, a failli dégénérer en émeute. «Les cités des Frères Merah et Boulechfar n'ont bénéficié ni de logements sociaux, ni de projets dans la formule rurale, alors que la plupart des habitants sont de condition modeste et n'ont pas les moyens de se lancer dans l'auto-construction», rappelle le représentant de l'association de quartier lors de la visite effectuée par le wali de Constantine à la fin de la semaine dernière dans la commune d'El Khroub. Selon les habitants de Guettar El Aïch, leur village a bénéficié, en 1985, de la construction d'une cinquantaine de chalets qui se trouvent aujourd'hui dans un état vétuste. Depuis, plus rien. «La localité n'a guère bénéficié des projets de développement et se trouve défavorisée par rapport aux autres régions de la daïra d'El Khroub», rappellent les citoyens, qui s'interrogent toujours sur la fameux programme de relogement réservé à la localité et qui a disparu sans explication, affirment-t-ils. Un hiver très dur Sur la longue liste des préoccupations, les citoyens rappellent le non- raccordement de Guettar El Aïch au réseau de gaz de ville. Le calvaire des bouteilles de gaz butane et des jerrycans de mazout ramenés d'El Gourzi, à 5 km, n'est pas près de connaître sa fin, au même titre que les coupures fréquentes du courant électrique suite aux chutes des câbles. L'hiver est très dur pour les collégiens et lycéens qui souffrent pour rejoindre leurs établissements à El Khroub en l'absence de transport scolaire. «Nos enfants font des kilomètres à pied dans des conditions difficiles», déclarent des parents. Le chômage touche la majorité des jeunes qui n'ont bénéficié d'aucune formule d'emploi. «Côté hygiène, les décharges sont devenues la hantise des habitants, et les services techniques de l'APC d'El Khroub ont avoué leur impuissance», nous confie un enseignant qui ne manque pas de noter que la localité compte aussi plus de 1500 citoyens inscrits sur les listes électorales. Un nombre qui fait l'objet de convoitises dans une localité qui est toujours en quête d'un avenir.