La délégation des archs, qui a entamé le dialogue avec le chef du gouvernement le 14 janvier dernier, s'est présentée hier devant l'interwilayas, réunie à Tizi Rached, pour faire un premier bilan des discussions avec Ahmed Ouyahia. Selon le porte-parole de la délégation, Belaïd Abrika, qui a présenté le compte-rendu, tous les dossiers des victimes du printemps noir seront rouverts au niveau des tribunaux où les plaintes ont été déposées et les procédures seront accélérées. Il y aurait eu jusqu'à aujourd'hui 72 plaintes déposées par les parents de martyrs et plus de 300 plaintes de blessés. La délégation a appris, en outre, que les 24 gendarmes, cités par le président de la République dans son discours du 12 mars 2002 lors du fameux dialogue du groupe de Alilouche, comme étant mis en examen, ont été jugés par le tribunal militaire pour des infractions « internes ». C'est-à-dire que l'institution militaire les a jugés pour avoir soit désobéi aux ordres, soit pour manquements disciplinaires. L'engagement aurait été obtenu que tous les assassins soient jugés par les tribunaux civils et que même ceux qui n'ont pas déposé plainte jusqu'à ce jour peuvent le faire. Même si rien de concret n'est à signaler du côté des juridictions compétentes, les délégués croient savoir que dans les prochains jours, les dossiers, qui dorment depuis quatre années dans les tiroirs des juges d'instruction et ceux classés, seront rouverts et instruits rapidement. L'autre point d'importance évoqué par le porte-parole de la délégation a trait au départ « des indus élus ». L'Etat, selon Abrika, à travers le chef du gouvernement, a réaffirmé son engagement à satisfaire cette revendication contenue dans l'accord signé entre les deux parties en janvier 2004. Il serait question d'un retrait par les partis politiques de leurs élus. La problématique de cette question et la manière avec laquelle elle sera traitée demeurent encore assez floues, et on imagine mal le FFS retirer ses élus des assemblées en Kabylie, à moins d'y être « forcé ». Le RND et le FLN, qui ont eux aussi des élus, ne devraient pas poser de problèmes pour les retirer. Le reste du compte-rendu s'articule autour des points contenus dans le premier chapitre du document de mise en œuvre intitulé « Réparations dues aux victimes des événements pour la dignité et la citoyenneté ». Il a été ainsi annoncé que toutes les personnes détenues ou ayant fait l'objet de poursuites judiciaires ou de condamnation depuis 2001 seront réhabilitées. Le mouvement devra réaliser une liste de tous les blessés non pris en charge par l'Etat afin de leur permettre de bénéficier des soins nécessaires auprès des structures étatiques. Selon la délégation des archs, le chef du gouvernement se serait engagé dans la prise en charge de la réinsertion sociale des blessés du printemps noir à travers les diverses formules de création d'emplois existantes, dans un dédommagement de toutes les personnes qui ont subi des dégâts matériels durant les événements de Kabylie et ceux de T'kout dans les Aurès. Les délégués attendent encore la concrétisation de certains points contenus relatifs à l'actualisation des incidences (libération des détenus du Sud et des journalistes). Hier, à Tizi Rached, après la lecture du compte-rendu, les délégués des wilayas présentes se sont retirés pour se concerter et revenir débattre en plénière les premiers résultats donnés par la délégation. Durant plusieurs heures, les concertations, tenues à huis clos, ont été très animées. Beaucoup de questions ont été posées par les délégués aux membres de la délégation sur les acquis, le déroulement des discussions entre les archs et le gouvernement et les points de divergence. Beaucoup de choses n'ont pas été dites durant cette rencontre de Tizi Rached d'autant que tout est encore relatif. Dans la soirée, plusieurs commissions devaient être installées pour confectionner les listes des victimes, des blessés, des détenus, des personnes encore poursuivies, des personnes qui doivent être indemnisées, ainsi que le suivi de l'exécution de la question de la fiscalité. Le porte-parole de la délégation a annoncé, en outre, que le mouvement a obtenu la réouverture des permanences des archs, à l'exemple du théâtre communal de Tizi Ouzou. La délégation reprendra le dialogue demain, dimanche, au Palais du gouvernement. Nous y reviendrons.