Décidément, il est un lieu commun de dire que notre cadre bâti s'enlise au fil des jours, dans la morosité. Nous faisons abstraction du désagréable décor qu'affichent présentement nos quartiers et autres lotissements urbains qui ploient sous la charge de nos ordures ménagères et autres gravats dont les gestionnaires et les administrés ont du mal à gérer. Un mal que nous avons appris, sommes-nous tenus de dire, de composer avec. A notre détriment, il est évident. Mais passons. Car nos cités semblent aussi abhorrer l'élément vert que nous procure Dame Nature. Que vous longiez les rues des Anasser, le dédale de Bachedjarah, les artères de Jolie-Vue, du Hamiz ou des Eucalyptus, pour ne citer que ces pans de territoire, l'idée est loin d'effleurer les riverains pour rendre moins hideux l'environnement dans lequel ils se meuvent. L'arbre n'est pas indiqué, semble-t-il, pour faire bon ménage avec eux. Nulle idée ne les titille pour l'apprivoiser et dégager des espaces verdoyants à même d'enjoliver le cadre bâti, gagné, soit dit en passant, par un décor urbanistique en porte-à-faux avec les normes spécifiques de l'architecture. Serions-nous devenus si allergiques à l'arbre et aux innombrables vertus qu'il libère ? Serait-il devenu ce végétal maudit que nous avons tendance à considérer comme un intrus dans notre paysage urbain ? Tout compte fait, l'absence de boisement de plants d'ornementation dans nos cités demeure criante et il n'est pas tôt de commencer à apprivoiser l'espèce végétale et l'introduire comme un élément faisant partie de l'ensemble urbain. Une opération qui ne coûte pas cher et permettra, au demeurant, d'adoucir l'image d'une cité enlaidie par le béton. Encore faut-il que cela ait droit au chapitre dans le programme de nos édiles dont certains consacrent des initiatives qui ne dépassent pas l'espace de la célébration de la Journée mondiale de l'arbre. Car « une œuvre sincère est celle qui est douée d'assez de force pour donner de la réalité à une illusion », écrivit Max Jacob. Pour peu aussi que les administrés saisissent la portée d'un tel réflexe citoyen essentiel dans leur cadre de vie.