Le barrage de Tichi-Haf, dont l'étendue aquifère chevauche entre les communes de Bouhamza et Tamokra, focalise l'intérêt d'estivants d'un genre un peu particulier. Quoi de mieux indiqué en effet, pour se remettre de fatigues et prendre un bon bol d'oxygène ? Taquins de mots en mal d'inspiration, vacanciers en quête de repos y viennent rituellement admirer cette immensité sereine, vierge de toute pollution, et profiter des bienfaits de la forêt toute proche. Il faut trois quarts d'heure environ pour rallier Tichi-Haf à partir d'Akbou, en empreintant une route sinueuse, escarpée à souhait et partiellement délabrée. Les visiteurs affluent des quatre coins de la wilaya mais aussi de Bouira, de Bordj Bou Arreridj et de Sétif, comme l'indique les plaques minéralogiques des véhicules en stationnement à proximité du plan d'eau. « Une journée à Tichi-Haf, c'est une cure de jouvence que je me paie régulièrement. Depuis une année, il ne se passe pas un week-end sans que je fasse une escapade ici en compagnie d'un ami. C'est devenu une habitude dont on peut difficilement se passer », nous dira Idir M., originaire de Chellata. « A quoi bon aller chercher loin ce qu'on peut trouver à proximité, comme ce site fabuleux qui ne demande qu'à être valorisé et doté des commodités indispensables pour en faire une destination touristique de choix », plaide un autre vacancier d'El Kseur, qui est venu en compagnie de ses deux enfants. D'aucuns, à l'image de Massi et Yanis d'Akbou, investissent les bords du lac dès la pointe du jour pour s'adonner à leur dérivatif de prédilection : taquiner le goujon. « C'est une passion qui me colle à la peau depuis mon jeune âge. Par le passé, je la pratiquais au niveau de l'Oued Soummam en faisant fi de la pollution outrancière du cours d'eau. La création de ce lac artificiel est un sublime cadeau pour les pécheurs et tous les amoureux de la nature », affirme Yanis. Mais, à l'évidence, le fretin n'est pas source de frustration pour ces mordus de la pêche à la ligne. Tant s'en faut. « Cela m'arrive de rentrer bredouille, ce qui est tout de même rare, mais grisé de bonheur d'avoir passé des moments agréables. Quand la prise est bonne, autant dire la cerise sur le gâteau, c'est la félicité », soutient notre jeune pécheur. Signalons enfin que des visiteurs imprudents se laissent tenter par la baignade en dépit du danger que représentent ces eaux dormantes. Lors de notre virée dans la région du coté de Tizi Aidel (Tamokra) au début de ce mois d'août, nous avons été surpris par le comportement d'une escouade d'adolescents. A leurs risques et périls, ils rivalisent d'audace pour réaliser le plongeon, à la fois le plus fantaisiste et le plus spectaculaire.