Chaque année, des milliers de candidats au départ, rêvant de fuir leur misère, voient leurs espoirs brisés face à une Europe qui se cadenasse. Le monde a changé : Il y a d'un côté, des milliers de jeunes qui se bercent d'illusions et croient en une vie meilleure, de l'autre, un continent qui montre des signes de nervosité et ferme ses portes. L'Europe, considérée depuis les années 1970, comme une terre d'exil, multiplie les mesures pour la fermeture de ses frontières. Avant-hier, l'Italie, destination privilégiée des migrants africains qui passent par la Libye, a décidé que l'entrée ou le séjour illégaux sur le territoire italien deviennent un délit et soient passibles d'une amende de 5000 à 10 000 euros. Le séjour des immigrés clandestins dans les centres d'identification et d'expulsion passe de deux à six mois, tandis que les personnes louant un logement aux clandestins ou les hébergeant risquent jusqu'à trois ans de prison. Les autres mesures de cette loi controversée prévoient également un « registre des sans-abri » qui seront fichés par le ministère de l'Intérieur ou l'introduction de rondes de citoyens pour assurer la sécurité dans certains quartiers de grandes villes. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, l'UE a renforcé ses frontières extérieures. La surveillance des frontières extérieures de l'UE incombe à l'Agence européenne des frontières Frontex (l'Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l'Union créée en 2004). Une « patrouille européenne contre l'immigration clandestine » a été créée par l'UE, en 2006, avec un budget de 3,2 millions d'euros. Le « pacte » de l'Europe, décidé en juillet 2008, prévoit notamment que la régularisation des personnes présentes sur le territoire européen et se trouvant en situation administrative irrégulière se fera au « cas par cas ». Il préconise également un durcissement des conditions du regroupement familial. Ce document a été considéré par plusieurs organisations de défense des droits des immigrés comme une « directive de la honte ». Presque tous les pays européens ont mis en place des mesures pour restreindre l'immigration. La Suisse a ainsi décidé, par voie référendaire, de refuser d'accueillir tous ceux qui ne seraient pas d'origine européenne. Selon la loi acceptée par la population, seuls les travailleurs qualifiés pour un poste précis, qui ont par ailleurs des connaissances que personne d'autre en Europe ne possède, pourront faire leur entrée au pays de manière prolongée. En 2008 et selon les chiffres d'Eurostat, sur près de 240 000 demandes d'asile (soit 480 par million d'habitants), 73% ont été rejetées (141 730) 24 425 demandeurs (13%) se sont vu octroyer le statut de réfugié, 18 560 (10%) la protection subsidiaire et 8970 (5%) une autorisation de séjour pour des raisons humanitaires. Toutes les mesures prises par l'Union européenne n'ont rien changé au fait que de plus en plus de candidats au départ tentent l'aventure. Le 29 mars dernier, 200 migrants se sont noyés au large de la Libye. Le rêve de gagner « l'eldorado » européen se transforme ainsi en véritable cauchemar.