La jeunesse africaine a besoin de se réconcilier avec ses racines, son identité et son continent. D'année en année, le nombre de candidats à l'émigration, qu'elle soit clandestine ou régulière, ne cesse d'augmenter, désertant le continent de toute l'énergie de sa jeunesse. L'euphorie du départ à tout prix qui tarabuste les Africains est due aux difficiles conditions de vie qui règnent cruellement dans le continent, en l'absence de perspectives d'un avenir serein, à l'envie démesurée d'avoir droit à ce même bonheur que les gens du nord savourent paisiblement mais aussi due à une brisure dans les repères identitaires qui rattachent tous les peuples africains à leur nation. Une blessure culturelle pourrait-on dire. Une rupture avec les symboles et les représentations d'une Afrique forte qui peut et veut retenir les siens. A ce titre, l'organisation d'une méga-manifestation culturelle pour célébrer l'unicité et le désir du retour d'une Afrique déterminée à se relever a de quoi soulever des interrogations et des attentes. Que peut le Panaf contre le désir de harga de ces milliers de jeunes Africains qui ne rêvent que de partir ailleurs ? Dans la forme, on peut, sans crainte, affirmer que ce festival va insuffler une bouffée d'oxygène aux Algérois et aux nombreux invités africains. Des soirées festives, des célébrations en tout genre et des rencontres qui ne peuvent qu'enrichir. Mais, dans le fond, une fois les festivités passées, pourra-t-on se permettre l'espoir de voir un nouveau souffle naître dans la culture africaine ? Une réconciliation des Africains avec eux-mêmes serait-elle possible grâce à la culture ? Le combat pour une reconstruction des valeurs pourra-t-elle éclipser l'euphorie destructrice de la harga ? Face à ces questions, certains crieront à l'ineptie. L'espoir n'est pas permis selon eux. C'est autre chose que la culture qu'il faut pour sortir l'Afrique de son mal et de son inertie. De l'argent, de nouveaux systèmes politiques et de l'union… d'autres se permettront cet espoir un peu fou. L'Afrique peut se reconstruire même si c'est un travail de longue haleine. Et rien de mieux que de travailler les esprits pour ce faire. La culture est, selon eux, le meilleur moyen de changer les mentalités et d'oser les projets les plus colossaux. Insuffler une force traversant tous les esprits pour ôter l'envie de partir, ils y croient. Que l'on adopte l'une ou l'autre attitude, ce grand rendez-vous africain qu'est le Panaf est l'espace idéal pour en débattre et murir toutes les idées. Pourvu qu'il ne se limite pas à une simple manifestation festive… F. B.