Cevital qui, d'après son PDG, a bien «anticipé les hausses sur les marchés internationaux» en s'approvisionnant en temps opportun en matières premières, «continue de pratiquer des prix inférieurs aux prix du marché mondial» grâce aux stocks dont elle dispose. C'est avec ces mots que le patron de Cevital s'est exprimé, hier, devant un important parterre de journalistes. D'après lui, Cevital, en tant qu'industriel de l'agroalimentaire, «n'a pas pour vocation de spéculer sur les prix des produits». Le groupe «ne tire aucun bénéfice de ces augmentations et partage totalement les questionnements légitimes qui entourent cette hausse», dira Issad Rebrab. Ce discours, prononcé quelques jours après le surgissement subito presto des émeutes, discrédite totalement les tenants des thèses selon lesquelles une flambée des prix aurait été à l'origine des manifestations. «Nous sommes nous-mêmes étonnés de l'augmentation constatée sur les marchés de gros. Au niveau de nos marchés Uno, les prix n'ont pas changé», assure le PDG de Cevital. Chiffres à l'appui, le conférencier explique que le kilogramme de sucre est cédé à 79,50 DA (prix sortie d'usine) et à 92,50 DA TTC. Sur les étals d'Uno magasins de détail du groupe, le kilogramme de sucre est proposé à 99 DA alors qu'il est cédé à 120 DA par les commerçants de détail. La bonbonne de 5 litres d'huile végétale Elio fabriquée par Cevital est cédée à 650 DA dans les magasins de détail du groupe, tandis que les autres marchands la proposent à 750 DA. «C'est inacceptable», tempête M. Rebrab, en commentant cette hausse qu'il qualifie «d'injustifiée». A une question qui évoquait cet écart entre le prix de sortie d'usine et celui pratiqué dans les commerces de détail, Issad Rebrab n'a pas lésiné sur les mots pour charger les grossistes et semi-grossistes. Ces derniers, d'après lui, ont vu «l'étau se resserrer sur eux» après l'introduction de la disposition de paiement par chèque de toute transaction commerciale dont la somme dépasse les 500 000 DA. Cette mesure, censée enrayer l'informel, a poussé, d'après le PDG de Cevital, les grossistes à chercher à se fixer des marges bénéficiaires en augmentant les prix des produits. Pas de quoi se démoraliser pour autant, d'après M. Rebrab. Le poids de la TVA Car, précise-t-il, le gouvernement dispose de plusieurs cordes à son arc afin de juguler ce casse-tête. Par une défiscalisation ou en jouant sur le taux de change, le gouvernement n'est pas confronté à l'équation d'une étrange alchimie pour parvenir à stabiliser les prix. Le patron de Cevital s'est dit prêt «à contribuer activement à la démarche initiée par les pouvoirs publics pour parvenir à une stabilisation des prix des produits de large consommation». Il s'agit, notamment, de parvenir à amortir les fluctuations caractérisant les marchés internationaux. Les prix du sucre ont encore grimpé cette semaine sur le marché mondial, dopés par un regain d'inquiétude sur l'offre. Sur le marché londonien, à titre d'exemple, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 777,20 livres vendredi, contre 770 livres pour la même échéance une semaine auparavant. D'après Issad Rebrab, les droits de douane concernant l'achat des matières premières (5%) pour la fabrication du sucre et de l'huile ne posent aucunement un problème. Toutefois, c'est la TVA (17%) qui est insoutenable, d'après M. Rebrab, car le sucre et l'huile ne sont pas considérés comme produits de première nécessité. Tout comme les fruits et légumes d'ailleurs, assujettis à une TVA de 17%. Répliquant aux déclarations des quatre autres producteurs, l'accusant «d'avoir modifié les règles du jeu», le patron de Cevital a indiqué que ces producteurs ont confirmé au ministre du Commerce avoir augmenté de 11 DA le litre d'huile de table, «mais ils sont revenus sur leur décision». «Nous n'avons donc jamais modifié aucune règle du jeu. Leur augmentation peut être expliquée par le fait qu'ils ne disposent pas de stocks suite à une absence d'anticipation sur la situation des marchés», a-t-il expliqué. A propos de son projet d'usine de trituration des graines oléagineuses, M. Rebrab dira que Cevital est en attente d'autorisations nécessaires à son démarrage. Le projet permettra de créer 100 000 emplois dans l'agriculture et de dégager un milliard de dollars de produits finis pour l'exportation.