En ces jours de vacances, il fait bon d'aller au village de Djoua où se déroule du 5 au 11 août un festival de haute facture organisé par l'association pour la Protection et le Développement du Patrimoine et du Tourisme. Cet évènement imposant par les moyens qu'il s'est donnés se tient en plein air sur un plateau de 20 ha situé en contrebas des montagnes de Djoua, à quelque 15 km de Béjaïa. Ses organisateurs l'inscrivent dans une démarche à objectif multidimensionnel (Culturel, économique, associatif…). C'est aussi une manifestation par laquelle les initiateurs qui ont travaillé d'arrache-pied depuis janvier dernier ont voulu créer une dynamique économique alliant tourisme, agriculture et artisanat. Désenclaver la région de Boukhelifa, mettre en valeur le patrimoine kabyle et promouvoir le tourisme de montagne ainsi que l'épanouissement local sont, entre autres, les objectifs assignés à ce festival. Aux yeux des organisateurs, visiblement confortés par le rush record de visiteurs, ce festival est déjà une réussite. « On accueille quotidiennement plus de 2000 visiteurs sur un site qui peut en contenir jusqu'à 6000. C'est durant le soir que la fréquentation atteint des pics » précise un organisateur. L'ambiance, la joie et la satisfaction sont lisibles sur tous les visages des visiteurs que nous avons abordés. Il était presque 11 heure à l'arrêt de bus du village Pk 10, où une grappe humaine composée de jeunes, d'enfants et de femmes se bousculent devant les portes des bus pour rejoindre Djoua. Malgré l'importance des moyens de transport réquisitionnés pour la circonstance, les bus partent complets ou même surchargés. Une vingtaine de transporteurs assurent en effet la desserte de Djoua par des navettes régulières. Quant à l'organisation et au déroulement du festival, nous, les visiteurs saluons majoritairement la maîtrise de l'évènement par les organisateurs. « J'ai exaucé un vœu en visitant Béjaïa et par la même occasion le festival de Djoua. Le paysage est paradisiaque et le site donne sur la mer et yemma Gouraya. II n'y a pas plus beau que ça, c'est une visite qui restera gravée dans la mémoire de chaque visiteur et j'espère que ce festival se pérennisera » nous confie un visiteur français. Un sexagénaire, natif de la région abonde dans le même sens. « Sincèrement, je n'ai jamais cru qu'un tel festival eu pût avoir un écho pareil. Les gens viennent ici pour découvrir Djoua, ses coutumes, ses produits et ses sites touristiques dans une ambiance familiale garantie par l'organisation et la sécurité ». Sur les stands des artisans, exposant dans un espace conçu sous forme de « souk », une panoplie d'objets représentant autant de métiers attirent les curieux. L'artisanat berbère, celui du Maghreb et du Sahara, sont ainsi à l'honneur lors du festival. Le comité d'organisation avec le concours de l'autorité publique a, par ailleurs, réussi le pari d'attirer, en plus des intervenants et sponsors, une palette d'artistes de gros calibre que l'on voit rarement réunis en une seule occasion, à l'image de Brahim Tayeb, Akli Yahiaten, Boudjemâa Agraw, Malika Domrane, Amazigh Kateb, Djamel Allam…Promesse tenue donc jusque-là, puisque le festival de Djoua arrive à concilier tradition et modernité et redonner déjà vie à une région qui, malgré ses énormes potentialités, est restée ignorée par les plans de développement.