La presse française a fait état hier, avec force détails, de l'intérêt du groupe Vivendi pour Orascom Telecom Algeria (OTA). Le groupe Vivendi, qui a aussitôt démenti l'information, ne discutait pas à propos d'une éventuelle acquisition d'OTA. L'édition d'hier du journal français la Tribune a ainsi souligné que « le président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, était reçu il y a quelques jours à Alger par de hauts responsables algériens » afin d'obtenir l'aval du gouvernement. Selon l'analyste télécoms de la société française de gestion d'actifs CM-CIC, organisme spécialisé en analyse financière, le prix demandé par Orascom serait de 10 milliards d'euros, « ce qui paraît très élevé compte tenu du nombre d'abonnés », précise le spécialiste. L'intermédiaire ajoute que la valorisation de cet opérateur devrait être plutôt de l'ordre de 5,5 milliards d'euros. Les frères égyptiens Sawiris, brillants hommes d'affaires, première fortune africaine (20 milliards de dollars à eux trois, selon le magazine Forbes) avaient déjà fait un « beau coup » avec le groupe Lafarge. Le P-DG du groupe égyptien Orascom Construction a vendu sa filiale Orascom Cement à Lafarge, contre 6 milliards de dollars cash. Il détient désormais 11,4% du capital du groupe Lafarge. Cette opération lui a permis de devenir le second actionnaire du cimentier français (derrière Albert Frères). Il se murmurait qu'Orascom souhaitait conclure une opération similaire avec le groupe Vivendi. Au printemps dernier, Naguib Sawiris aurait proposé à Vivendi de combiner les actifs des deux groupes dans le téléphone mobile pour créer un opérateur « pan-méditerranéen », Vivendi amenant la France et le Maroc et Orascom Telecom l'Egypte, l'Algérie, la Tunisie. De son côté, le groupe Vivendi, dont les actions dégringolent en Bourse, espérerait reconquérir le marché après l'échec des négociations avec le groupe koweïtien Zain Group pour le rachat d'une part majoritaire dans ses activités africaines de télécommunications. Même si le spécialiste de l'organisme CM-CIC estime que le démenti de Vivendi au sujet de l'acquisition de Djezzy « devrait couper court à la rumeur », il indique que suite à l'échec des négociations avec Zain, « le groupe devrait rester à l'affût d'occasions d'acquérir un relais de croissance dans les télécoms dans les pays émergents ». Alors que le groupe Vivendi a été prompt à apporter un démenti formel aux informations du journal français, les responsables de communication d'OTA sont restés injoignables toute la journée d'hier. Vivendi n'est pas le premier groupe français à s'intéresser à OTA puisque France Télécom s'était penché sur le dossier l'an passé, avant de faire marche arrière, jugeant le prix de vente trop élevé. Les deux opérateurs sont aujourd'hui en litige à propos d'ECMS (Egyptian Company for Mobile Services), filiale de Mobinil. France Télécom s'est vu refuser deux propositions d'OPA sur l'ECMS. L'opérateur français de téléphonie mobile poursuit ses actions pour voir ses « droits rétablis » et allait « porter l'affaire devant le Conseil d'Etat égyptien, dernière étape avant la saisine d'un tribunal arbitral international ».