Peu d'affluence a été enregistrée sur les plages de Zéralda, ces derniers jours. Vendredi dernier, la plage familiale de la ville était plutôt déserte. L'approche du mois de Ramadhan semble avoir dissuadé les aoûtiens qui ont préféré rentrer chez eux en prévision de ce mois sacré. Quant à ceux qui veulent profiter, jusqu'à la fin, de cette saison estivale relativement courte, ils auront le privilège de disposer, pour eux seuls, d'une plage admirable étalée sur plusieurs centaines de mètres. En plus de la beauté naturelle du site, ces ultimes estivants auront à savourer sans beaucoup de tumulte et de va-et-vient le sable doré et apprécier l'eau tiède d'un été particulièrement chaud. Des citoyens, rencontrés sur place, le pensent vraiment. Djaâfar, jeune cadre dans une société publique, venu de Djelfa, n'a pas manqué de relever ce détail. « C'est le meilleur moment pour se ressourcer. Les jours passés étaient merveilleux, mais je me retrouve encore davantage maintenant que l'affluence a diminué. » Sa fille, jeune étudiante, en hidjab, partage l'avis de son père et lance malicieusement : « Tant pis pour les autres. » En fait, se promener sur la plage familiale de Zéralda en cette fin de saison est un vrai régal. Elle est l'une des rares rives de la wilaya d'Alger, à la fois, longue et large. En y accédant, on est accueilli par des exploitations agricoles vertes et fertiles. De l'autre côté de la rue se trouvent un terrain vague et un panneau orientant vers la « plage au tir ». A proximité, se dressent, également, des broussailles à l'état sauvage et un terrain de football. Le seul point noir qui agresse les yeux n'est autre que cet imposant silo à béton implanté au sein même de la plage. Il appartient à la maffia, qui, il y a quelques mois, fait dans l'extraction du sable de mer et approvisionnait, sur place, les camions malaxeurs. Cette bande a sévi durant plusieurs mois. Pourtant, pas loin de là, un grand panneau indique à qui veut le voir : « Zone réservée tourisme ». Les autorités de la wilaya d'Alger ont réagi, mais après que des ravages ont été faits. « Pour ne pas gâcher votre journée, faites semblant de n'avoir rien vu » nous propose un habitant et habitué des lieux, sans omettre, toutefois, de nous signifier ses appréhensions quant à un retour prochain des pilleurs, puisque leur engin est toujours là. Hélas ! A midi, la Protection civile hisse le drapeau orange, au grand bonheur des baigneurs. Le matin, la mer était agitée. Des gouttes d'eau sont tombées et des rafales de vent ont soufflé. « C'est pourquoi il y a peu de monde ? », « Non », répond un jeune concessionnaire. Il révèle que son chiffre d'affaire a commencé à chuter depuis trois ou quatre jours. « C'est mort, Khoya » dit-il, « c'est le Ramadhan ». Faute d'une grande affluence, les tarifs des accessoires de plage ont connu une certaine baisse. Les chaises sont louées 100 DA l'unité, le parasol 200DA, le tout est négociable. « Durant le mois de juillet, on propose ces mêmes services encore plus cher », selon un estivant. Pour le stationnement au niveau du parking, gardé par des jeunes chômeurs -employés saisonniers-, on exige 50 DA la journée. L'autre signe de la fin prématurée de la saison estivale à Zéralda est l'état des douches. Une fuite d'eau coulait depuis le matin sans que les services d'entretien prennent la peine de la réparer. Malgré ces petits couacs, la sécurité demeure le point fort sur cette plage de l'ouest d'Alger. En fait, un poste de la Gendarmerie nationale y a été installé afin de veiller sur la quiétude des visiteurs. Un point que de nombreux estivants n'ont pas manqué de souligner avec beaucoup de satisfaction.