Hécatombe sur nos routes. Hier en début d'après-midi, un semi-remorque a frontalement percuté un J5, sur la RN94, en contrebas du village de Sidi Amar, à l'entrée de la ville de Ghazaouet, tuant sur le coup 17 personnes dont 4 enfants, les occupants de ce dernier et le chauffeur du camion, selon les premières informations en notre possession. Tlemcen. De notre bureau Nos sources ont affirmé que les personnes décédées, qui appartiennent à une même famille résidant au quartier Chfek, se dirigeaient vers la plage de Sidna Youchaâ. C'est à la sortie de la ville qu'un semi-remorque a surgi, aidé par la descente dangereuse, entrant en collision avec le fourgon. Aussitôt l'information diffusée, les habitants des cités avoisinantes ont fermé la route avec des pierres, des branchages et des pneus. Très en colère, des pères de famille ont indiqué : « Nous avons signé trois pétitions que nous avons pris le soin de transmettre aux autorités locales et de wilaya pour attirer leur attention sur les dangers que représentent ces milliers de camions qui traversent la ville sans aucun respect du code de la route. » Ces semi-remorques appartiennent à des hallaba (trafiquants de carburant). « Personne ne nous a entendus, il a fallu que 17 personnes périssent tragiquement pour s'en rendre compte. » Loin de décolérer, les citoyens exigent la présence du wali en personne. « Nous en avons assez d'être soumis au diktat de ces criminels de la route ! », s'indignent-ils. Vers 14h, les jeunes de la localité, hors d'eux, ont mis le feu aux pneumatiques tout en réclamant justice : « Les trafiquants sont maîtres des lieux, tout le monde est complice sur cette bande frontalière. On réclame des sanctions ! » Selon les premières investigations, en attendant les conclusions de l'enquête, il semblerait que les freins du camion aient lâché. A ce propos, un mécanicien de la région vient à la rescousse pour préciser que « depuis que le wali a ordonné aux conducteurs de ces véhicules de la mort de circuler avec des bennes sous peine d'être sanctionnés, les trafiquants se sont soumis à cette "règle" en achetant de vieilles bennes pour les attacher sommairement au camion, mais sans tuyaux de pression, ce qui transforme le véhicule en engin de mort ». Hier, la tension allait en augmentant à Ghazaouet. Des renforts des services de sécurité ont été dépêchés sur les lieux pour contrer la colère des citoyens. Rappelons que les tronçons Ghazaouet-Tlemcen et Maghnia-Tlemcen enregistrent chaque jour des accidents mortels causés par les trafiquants de carburant qui évoluent en terrain conquis, au su et au vu de tout le monde. Il y a un mois, la famille Addou de Maghnia a été décimée par un hallab qui, en voulant dépasser, a percuté leur véhicule par derrière dans un virage dangereux, tuant quatre personnes. Une semaine plus tard, un père de famille a trouvé la mort à la sortie de Maghnia, tué quasiment dans les mêmes conditions par un autre trafiquant, sur la route de la frontière. Ces deux derniers mois ont été fatals à deux autres familles dont l'une de passage dans la région. La liste est longue. Ce n'est pas pour rien que Tlemcen est classée troisième au niveau national au tableau des accidents de la circulation. Et les criminels sont toujours ces trafiquants faciles à neutraliser, s'il existait une volonté des pouvoirs publics. Le simple observateur a tout le loisir de les reconnaître au niveau des stations-service de la wilaya de Tlemcen et sur la route de la frontière. « Le plus curieux, c'est qu'au niveau des barrages de gendarmerie, de la douane ou de la police, qui pullulent sur les routes menant à la frontière, ces trafiquants passent sans aucun problème, alors que le citoyen honnête, en famille, est dérangé. » Ces véhicules de la mort, appelés moukatilat (les guerrières) sillonnent les routes de la wilaya en toute impunité. « Ils font la loi, qui osera les arrêter ? » Nous y reviendrons ! Affrontements entre citoyens et forces de l'ordre Jusqu'à 20 h hier, les citoyens en colère s'attaquaient aux institutions de l'Etat. Les manifestants, que rien ne semblait arrêter, ont usé de pierres et de toutes sortes d'armes pour s'en prendre aux sièges de la police et du tribunal. Les services de sécurité, renforcés par les forces d'intervention rapide, ont utilisé des bombes lacrymogènes pour disperser les émeutiers. « On veut une solution immédiate à ce problème de hallaba (trafiquants de carburant). » Il était difficile d'arracher une déclaration à un responsable. Ghazaouet était hier en proie aux flammes.