«Les corps calcinés de cinq personnes ont été retrouvés à l'intérieur de l'une des agences bancaires incendiées par les fauteurs de troubles dans la ville d'Al Hoceima», au nord du pays, a indiqué le ministre de l'Intérieur Taib Cherkaoui, dans une déclaration à la presse. Une enquête est en cours, a ajouté le ministre, précisant que 120 personnes avaient été interpellées suite aux troubles dans une demi-douzaine de villes marocaines. Des mineurs interpellés ont été remis à leurs familles. Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans de nombreuses villes du Maroc pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi, répondant à un appel lancé à l'origine par des jeunes sur facebook et repris par différentes ONG et organisations. Le ministre de l'Intérieur a fait valoir que la «pratique démocratique» du Maroc et le «droit à la liberté d'expression que connaît le pays» ont fait en sorte que ces manifestations de dimanche «se sont déroulées dans un climat pacifique empreint de sérénité et de discipline». Selon le ministre, quelque 37 000 personnes ont participé à ces rassemblements. Mais des troubles ont éclaté après la fin des manifestations dans les villes de Tanger, Tétouan, Larache, Al Hoceima, dans le nord, Marrakech et Guelmin dans le sud ainsi qu'à Sefrou (centre). Le ministre de l'Intérieur a aussi indiqué que 33 édifices publics, 24 agences bancaires, 50 commerces et édifices privés, ainsi que 66 véhicules avaient été incendiés ou endommagés. Par ailleurs, un député islamiste a démissionné de l'instance dirigeante de son parti pour protester contre la décision de sa formation de ne pas participer aux manifestations de dimanche. «La marche de dimanche était hautement civilisée et pacifique et notre parti n'aurait pas dû appeler à ne pas y participer. Je démissionne pour protester contre cette décision», a déclaré Mustapha Ramid, député et membre dirigeant du parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition représentée au Parlement). «Les marches de dimanche m'ont fait penser à celles qui se déroulent en Europe du Nord, tant elles étaient pacifiques. La position de notre parti n'était donc pas en phase avec les aspirations de notre jeunesse et des Marocains dans leur ensemble», a-t-il ajouté. Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, avait appelé à ne pas participer aux manifestations de dimanche dans plusieurs villes du Maroc.