En Algérie, plus de 2 millions de personnes vivent dans des habitations précaires, certaines wilayas affichent encore d'importants taux de mortalité infantile et la grande partie de la population ne se nourrit que de laitages et de légumes secs. Selon une étude sur la carte de la pauvreté en Algérie, réalisée par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), 70% des populations pauvres résident dans les zones rurales. La pauvreté touche plus cruellement les communes des Hauts-Plateaux et en grande partie les régions de Djelfa, Tissemsilt et Tiaret. Au total, le Pnud a recensé 177 communes défavorisées en Algérie (sur 1200). Les chiffres avancés par les Nations unies ont été confirmés par une étude de l'Agence nationale de l'aménagement du territoire (ANAT). « Il existe de grandes disparités régionales, au détriment des communes des Hauts-Plateaux et du Sud. Les communes défavorisées se répartissent à 11% dans les régions du Nord, 53% dans les régions des Hauts-Plateaux et 36 % pour le Sud », commentent les rédacteurs de l'étude. Les domaines dans lesquels les communes pauvres sont les plus vulnérables sont l'éducation, la santé et le logement. Plus de deux millions de personnes dans l'insalubrité Le constat du Pnud est implacable : pas moins de 229 communes algériennes sont touchées par la crise du logement et 2 262 036 Algériens vivent dans des habitations précaires. « Les populations vivant dans des logements insalubres, privées d'accès aux utilités de base, sont en plus exposées aux risques de maladies qui aggravent leur situation de départ déjà défavorisée. On est amené à se préoccuper de l'état critique des 229 communes où les faibles taux de branchements aux différents réseaux (eau potable, assainissement, électricité) se conjuguent aux plus fortes proportions de logements précaires et aux taux d'occupation par pièce les plus élevés », s'inquiètent les responsables du Pnud. La wilaya de Médéa compte le plus grand nombre (32) de communes dont la situation est jugée critique, soit 50% des communes de sa région. Certaines villes sont particulièrement rongées par les habitations précaires. Dans la commune de Breira (à Chlef), 84% des habitations sont insalubres. 70% de mortalité infantile à Djelfa Le système de santé est également l'un des indicateurs de la pauvreté utilisés par le Pnud. Les communes des wilayas de Biskra, d'Adrar et de Djelfa, affichent des taux de mortalité infantile supérieurs à 70% et peuvent atteindre, selon le Pnud, les 90% (communes de Ouled Sassi dans la wilaya de Biskra, de Sidi Slimane à Bayadh…). Paradoxalement, ces régions ont des taux de fécondité très importants (jusqu'à 9 enfants par femme et plus) et des taux d'analphabétisme très élevés (98% dans la commune de Oum Laâdham, wilaya de Sidi Bel Abbès). Par ailleurs, une étude sur la pauvreté, réalisée par le Centre national d'étude et d'analyse pour la population et le développement (Ceneap) en 2005, a révélé que les céréales et les légumes secs constituent les produits de l'alimentation de base d'une importante partie de la population. Les dépenses alimentaires, qui représentent, 58,22% du budget global des ménages, concernent ainsi en premier lieu les céréales (25,46%), le lait et ses dérivés (13,68%), les légumes secs (13,60%) et les viandes (10,12%). Les fruits et les légumes frais ne représentent que 6,44% et 5,10% des dépenses. Seulement 10% de scolarisation des filles près de Mascara L'enquête du Programme des Nations unies pour le développement a montré une forte corrélation entre le niveau d'éducation des chefs de ménage et la pauvreté des ménages. Les taux de pauvreté les plus élevés (70%) concernent, d'après le Pnud, les familles d'agriculteurs. Selon les chiffres de l'enquête, 98 comptent des taux de scolarisation faibles, particulièrement pour les filles. « Pour la majorité de ces communes, le taux de scolarisation n'excède pas les 50% et pour certaines d'entre elles, il est inférieur à 20% (communes de la wilaya de Djelfa, de Tamanrasset et d'Adrar, où le taux de scolarisation des filles descend jusqu'à 10%) », souligne-t-on. Les taux d'occupation des classes peuvent ainsi varier entre 25% (10% dans la commune de Ferraguig, wilaya de Mascara), 16% dans celle de Faïdja, wilaya de Tiaret et 18% dans la commune de Sebgag, wilaya de Laghouat) et 50%. Il est à noter qu'à qu'à Sendag, 65% des enfants parcourent plus de 3 km pour se rendre à l'école.