11h, l'esplanade de la Maison de la culture, point de départ traditionnel des marches, les manifestants s'organisent en carrés. Le premier est formé essentiellement d'étudiants et autres jeunes marcheurs, brandissant une multitude de pancartes et une nuée d'emblème national. «Djazaïr Houra démocratia (Algérie, libre et démocratique)», «Chaâb yourid isqat ennidham (le peuple veut la chute du système)», « Boutef berra »,… les slogans sont les mêmes que ceux criés depuis quelques mois. La colère et la détermination aussi. La foule ne s'arrêtera pas, comme de coutume, devant le siège de la wilaya. Direction cette fois-ci le siège de la radio Soummam, qui se trouve à l'autre bout de la ville. Il est question de demander la «libération» de cette station et de dénoncer la «manipulation» par le pouvoir de certains médias que la CNCD cite dans sa déclaration, à l'exemple de la télévision et radio nationales et certains titres arabophones. Arrivés devant le siège de la mouhafadha et de la kasma du FLN, des jeunes ont laissé sur les murs des graffitis hostiles au parti de Belkhadem dont celui réclamant «FLN Berra». Une pancarte à l'inscription «Pouvoir dégage» sera aussi accrochée à une fenêtre. La scène n'a pas agrée la responsable de la mouhafadha, Mme Fourar, qui a tenté d'intervenir en sortant du siège avant d'y retourner aussitôt. Les graffiteurs sont priés par les organisateurs de rester dans la marche. Un virage plus loin, les centaines de marcheurs se sont amassés devant le siège de la radio Soummam. Depuis la matinée, un renfort policier est visible à l'extérieur de la station qui a gardé son entrée partiellement fermée. Devant la porte, protégée par des policiers, la foule se fait de plus en plus bruyante pour dénoncer les «organes de propagande». Un exemplaire du journal arabophone Ennahar est déchiré, un autre de Echourouk est, lui, incendié par des manifestants. «Autoritaire, violent, manipulateur, corrompu et corrupteur, le régime en place depuis 1962 maintient le statu quo et organise la désinformation à travers ses organes de propagande» lance un représentant du RCD qui, en faisant lecture de la déclaration de la CNCD, cite la télévision et la radio nationale et les titres de presse arabophones Ennahar, Echourouk et Djazaïr News. «La CNCD, section de Béjaïa, tient à dénoncer la manipulation de ces médias à la solde du pouvoir qui font honte à l'éthique de la profession et à l'héritage de Djaout, Mekbel, et Ouartilane» ajoute le représentant de la CNCD Béjaïa avant d'appeler la foule à se disperser dans le calme.