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«Nous n'avons pas réussi à déconstruire la pensée coloniale»
Publié dans El Watan le 01 - 04 - 2011

-Les récents sondages en France donnent Marine Le Pen en tête, quel que soit son adversaire. Pour vous, le Front national est-il un parti fasciste ?
Ce parti, composé au début de pétainistes et de nostalgiques de l'Algérie française, a pu prospérer avec l'aide indigne des médias et de certains partis qui ont cru qu'ils pourraient l'utiliser à des fins électorales. Avec la perte du sens de la solidarité internationale, le désespoir, la panne de projet, l'absence de perspectives, le FN a bâti son idéologie sur le racisme, la haine de l'autre, de l'étranger, de l'immigré. Il a permis à de nombreux Français de justifier le racisme et de le banaliser. Comme le disait Gilles Perrault au début de la montée du FN : «Leur avancée est faite de nos reculs.» Aujourd'hui, Marine Le Pen dit qu'elle n'est pas raciste et se fait la championne de la laïcité. Elle fait de la laïcité un slogan d'exclusion. Quant au racisme, elle déclare vouloir «repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient rentrer en Europe», ce que reprend d'ailleurs une députée de l'UMP (Chantal Brunel, ndlr) qui a dit : «Remettons-les dans des bateaux.» Le FN surfe sur la peur, peur du déclassement, de «l'invasion», de l'augmentation du prix du pétrole. Ce parti prétend que l'avenir est très sombre pour les Français et que lui seul peut les sauver. De tout temps, la peur de l'avenir a été le terreau du fascisme. Les mouvements fascistes ont toujours utilisé la démocratie pour en finir avec la démocratie.
-Vous faites partie de ceux qui pensent qu'il faut combattre ce parti dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard. De quelle manière faut-il le faire ?
Dans les années 1990, la prise de conscience des dangers du Front national fut assez forte avec la mise en place de salons du livre antifasciste en France et une mobilisation importante. Depuis les manifestations massives entre les deux tours de la présidentielle de 2002, l'action antifasciste s'est atténuée. Pourtant, aujourd'hui la France est en danger. S'il est exclu que Marine Le Pen gagne la présidentielle en 2012, en revanche, elle peut se retrouver au deuxième tour et dans ce cas, si le report des voix de la droite sur le candidat de gauche ne se fait pas correctement, il est à craindre qu'elle atteigne 30 à 40%, ce qui lui ouvre un boulevard pour construire un parti de masse. Des forces nombreuses doivent se lever et créer des comités de vigilance tout en combattant le racisme ordinaire et le racisme d'Etat. La gauche française doit absolument se montrer moins frileuse et plus audacieuse en ouvrant des perspectives d'avenir. L'indifférence et la neutralité ne sont plus de mise, chacun doit s'engager.
-Vous parlez d'un «racisme d'Etat».Qu'entendez-vous par cette notion ?
A la fin du XIXe siècle, Jules Ferry, fondateur de l'école républicaine, théorise la question de la hiérarchie des races. Il explique la nécessité de la colonisation par l'idée que les races supérieures doivent apporter la civilisation aux races inférieures. Au début du XXe, Lénine explique aux dirigeants communistes européens qu'avec l'exploitation et le pillage des «peuples coloniaux», les classes ouvrières vont récolter des «miettes» de ces pillages, devenant ainsi complices, si elles ne s'y opposent pas. En 1939, sous la IIIe République, le gouvernement français enferme dans des camps des centaines de millions de républicains espagnols fuyant le franquisme. Puis c'est le régime de Vichy avec la chasse aux juifs et la dénaturalisation des étrangers. Enfin, c'est le passé colonial, avec la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie, ainsi que les massacres dans les pays africains.
Aujourd'hui, nous n'avons pas réussi à déconstruire la pensée coloniale et néocoloniale. Extirper cette idéologie, c'est ouvrir les consciences à l'égalité des peuples. Ce chantier est ouvert devant nous. Le racisme d'Etat, actuellement, c'est encore la «France Afrique» où les entreprises nationales et l'administration française sont remplacées par les grands groupes industriels privés tels que Total, Bolloré, Bouygues… Le racisme d'Etat, c'est la loi sur les bienfaits de la colonisation, l'abominable discours de Sarkozy à Dakar. Mais c'est aussi l'offensive contre les Roms et les débats nauséabonds sur l'identité nationale, la menace de dénaturalisation. Maintenant, on nous annonce un débat sur l'Islam. Les idées du FN ont tellement pénétré l'UMP que Sarkozy se croit obligé de déclarer lors de son voyage en Turquie, à propos de l'entrée de ce pays dans l'Union européenne : «Je dois tenir compte de mon opinion publique.» Au lieu d'être obsédé par l'Islam, le gouvernement ferait mieux d'établir un véritable plan de lutte contre le chômage des jeunes et toutes les formes de ségrégation.
-L'Islam et l'islamisme, allègrement amalgamés, sont des sujets qui agitent régulièrement la classe politique française. Quelle réalité recouvrent-ils ?
Si l'islamisme a représenté un très grave danger pour l'Algérie et pour d'autres pays, s'il tente de s'implanter en Europe, il ne représente aucun danger pour la France, en dehors du terrorisme qui peut frapper partout. Pourtant, le FN et l'UMP agitent sans cesse ce danger en mélangeant islamisme, Islam, musulmans et Maghrébins. Tous ces termes désignent en fin de compte les Arabes, c'est-à-dire la plupart du temps des citoyens français. Ils oublient que les Arabes ne sont pas tous croyants, qu'une majorité d'entre eux déclarent qu'ils ne sont pas pratiquants. Quant aux islamistes intégristes, ils sont une infime minorité. Comme le lepénisme, l'islamisme intégriste peut être considéré comme un nouveau type de fascisme. Il pratique la haine de l'autre, le culte du chef, il dénonce la décadence et glorifie la pureté, l'identité. Dans presque toute l'Europe, on voit que l'extrême-droite et les islamistes se nourrissent mutuellement dans une dialectique sordide où chacun trouve son compte.
-Que pensez-vous du «printemps des peuples arabes» ?
Nous vivons un moment historique. Les peuples arabes sont engagés dans des luttes exemplaires et réinventent la solidarité à travers des actions concrètes, en ouvrant la voie à d'autres peuples. Je ne peux m'empêcher de penser que Spartacus, qui dirigea la première révolte des esclaves en 73 avant J.-C., avait raison lorsqu'il a dit, juste avant d'être tué : «Je reviendrai et je serai des millions.» Ils sont des millions et ce n'est qu'un début…


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