Un militant antifasciste de 18 ans a été battu mortellement par des skinheads, durant l'après-midi du 5 juin, près de la gare Saint-Lazare à Paris. Paris (France). De notre correspondant
Entré dans un état de mort cérébrale, Clément Méric a succombé à ses blessures à l'hôpital Pitié-Salpêtrière, le lendemain de son agression. La mort de Clément Méric, venu de Brest pour étudier à Sciences Po, a suscité l'émotion de toute la classe politique, particulièrement de gauche. Des dizaines de rassemblements et de manifestations ont été organisés partout en France pour dénoncer ce «crime politique» et réclamer «la dissolution des groupuscules de l'extrême droite» qui «incarnent encore le fascisme» en France. La lecture, en effet, de cet assassinat ne peut être que politique. Le jeune Clément était très impliqué à l'extrême gauche. Il militait, à la fois, dans le syndicat Etudiant solidaire et au mouvement Action antifasciste Paris-Banlieue. Dernièrement, il a participé à plusieurs actions contre l'homophobie à l'occasion des débats houleux sur la loi du mariage pour tous. Ses camarades ont vite fait le lien entre «le discours du Front national (FN) et la montée de la violence des groupuscules qui gravitent autour». Pour cause, depuis quelques mois, des «skins» ou les crânes rasés, comme on les appelle, réapparaissaient dans les manifestations du FN. Pointée du doigt par toute la gauche, Marine Le Pen «nie toute implication» de son parti dans cette affaire. Elle a appelé à «ne pas faire l'amalgame» dans le but d'une «récupération politique» et condamné «un acte épouvantable et odieux». La présidente du FN a néanmoins refusé de dissoudre les groupuscules de l'extrême droite sauf «s'il est prouvé qu'ils donnent des instructions directes à leurs éléments d'utiliser la violence». De son côté, Jean-François Copé, président de l'UMP, à qui la gauche reproche d'avoir «propagé les idées de haine de l'extrême droite», a demandé «la dissolution de tous les groupuscules violents de l'extrême droite et de l'extrême gauche». Il a ainsi, en quelque sorte, ignoré le message matinal d'Eva Joly, d'Europe Ecologie - Les Verts, qui a écrit sur son compte Twitter : «Ceux qui mettent un signe ‘‘égal'' entre l'extrême droite et le front de gauche doivent maintenant se taire.» Dans ce sens, Jean-Luc Mélenchon a affirmé que «Clément Méric a été assassiné par l'extrême droite». Le leader du front de gauche a donné des instructions à ses militants concernant les rassemblements d'hommage à «la victime des fascistes» : «Tenez-vous à distance du PS qui a trop assimilé le parti de gauche à l'extrême droite. Pas d'amnésie sur l'amnistie.» Cette colère de la gauche radicale a été bien comprise, cette fois-ci, par le Parti socialiste. Le ministre socialiste de l'Intérieur, Manuel Valls, a assuré que «c'est un groupe d'extrême droite qui est au cœur de cet assassinat» et réfuté «les amalgames entre l'extrême droite et l'extrême gauche». Pour rappel, le dernier crime de cette nature, d'une longue liste, a été commis par des militants du FN qui ont jeté un jeune Marocain dans la Seine lors de la manifestation du 1er mai 1995.