A chaque fois un nouveau record du monde. Après avoir pulvérisé le meilleur des temps au 100 mètres dimanche dernier (9''58), jeudi soir aux mondiaux de Berlin, le Jamaïcain Usain Bolt, 23 ans, récidive sur le 200 m avec un nouveau record à 19''19. L'homme peut-il – tout seul – repousser de telles limites ? La polémique commence. Dimanche dernier aux mondiaux d'athlétisme de Berlin, en pulvérisant le record du monde quatre jours plus tôt, Usain Bolt avait « roulé » à plus de 37 km/h – avec une pointe à 44,72 km/h – le 100 mètres, pour signer un incroyable chrono à 9''58. Si les exploits du sprinteur jamaïcain doivent beaucoup à ses capacités physiques hors normes (1,96 m, 86 kilos, des mensurations inédites à ce niveau de performance) et au niveau de l'école du sprint jamaïcaine, de tels résultats soulèvent aussi une question : l'homme peut-il –tout seul- c'est-à-dire sans dopage, repousser toujours plus ses limites ? L'an dernier, une étude menée par deux Français, Geoffroy Berthelot et Jean François Toussaint de l'Institut de recherches médicales et d'épidémiologie du sport, à Paris, avait clairement répondu. « Le corps humain a presque atteint ses limites, au point qu'en 2027, il ne pourra plus battre de record et d'ici là, la moitié des records ne progresseront pas de plus de 0,05%. » Le déclin « inéluctable » du nombre de records étant notable depuis 1970. Les progrès techniques dans le matériel, le chronométrage ou encore les méthodes d'entraînement n'ont rien changé du fait que l'espèce humaine arrive au bout de ses capacités physiologiques. Les chercheurs ont ainsi établi la valeur limite du 100 m masculin à 9,67 secondes, alors qu'il est aujourd'hui à 9,74 secondes… « Le record du 100 m féminin détenu par Florence Griffith-Joyner depuis vingt ans se situe 3% en dessous des résultats des meilleures performeuses, disait alors Jean-François Toussaint. Il ne sera jamais battu, sauf peut-être en cas d'innovation technologique majeure, ou si les sportifs ont recours aux anabolisants ou encore si on opère une sélection génétique des sportifs dès le berceau. » Bref, la polémique a déjà commencé. D'autant qu'en juin dernier, aux sélections nationales de Kingston, cinq athlètes de Jamaïque ont été contrôlés positifs à un stimulant, dont Yohann Blake, 19 ans, grand espoir du sprint jamaïcain, Allodin Fothergill et Lansford Spence. Tous les trois font partie du groupe d'entraînement de Usain Bolt, coaché par Glen Mills.