Alors qu'il est encore Président pour quelques mois, en attendant l'élection qui validera le choix des généraux qui avait coopté Bouteflika, Liamine Zeroual, désormais sortant, est pratiquement ignoré par la «classe politique». Lors d'une cérémonie officielle, à laquelle assistent, le sortant et le remplaçant désigné mais pas encore élu, la foule des courtisans s'empresse autour d'un Bouteflika, fier comme un paon, redoublant de salamalecs et de chaudes embrassades, ignorant jusqu'à l'indécence celui qui est pourtant encore le chef de l'Etat. Cela durera jusqu'au départ définitif de Zeroual du palais présidentiel. Les philosophes et les psychologues vous expliqueront qu'il en est ainsi de l'espèce humaine, que les Algériens traduisent par «daniya maâ l'wouakaf». C'est fort de ce constat que les hommes politiques, mais pas seulement – dans les entreprises et les institutions, les choses en vont de même – que les partants retardent, autant que possible, l'annonce de leur départ. Même si les révolutions tunisienne et égyptienne ont définitivement enterré les espoirs d'un énième mandat, cette règle que Bouteflika connaît l'oblige à n'en parler que le plus tard possible. Dès lors, comment expliquer que deux des trois chefs des partis politiques qui constituent l'Alliance présidentielle enfreignent cette règle ? Bouguerra Soltani d'abord, en annonçant publiquement son intention d'être candidat en 2014. Pour ceux qui n'avaient par encore compris, quelques jours plus tard, c'est au tour de Ouyahia d'afficher avec une fausse modestie son ambition présidentielle pour 2014 et de remuer le couteau dans la plaie en déclarant clairement qu'il n'y avait pas de présidence à vie. Bouteflika a sans doute «apprécié» les deux sorties médiatiques qui lui indiquent le chemin de la sortie définitive. En politique, c'est bien connu, les petites cruautés viennent le plus souvent de ses alliés.