4 novembre 2011 Décidément, le troisième mandat de Bouteflika n'est pas un long fleuve tranquille. Secoué par le « printemps arabe » et obligé à des concessions qu'il n'aurait jamais pensé faire un jour, le chef de l'état est quasiment humilié par des « députés » qui n'ont eux-mêmes aucune légitimité. Une première dans l'histoire de l'Algérie : des députés de la majorité, « élus » dans le quota de leur parti politique respectif de l'alliance présidentielle ( autrement dit désignés par le régime ) ont osé vider les réformes du chef de l'état, adoptés en conseil des ministres. C'est la première fois qu'un chef de l'état en exercice est désavoué de cette manière par ses troupes. Le revers est cinglant et tourne à l'humiliation. Les chefs de partis politique, de l'opposition comme de l'alliance présidentielle, ne cachent plus qu'ils sont déjà dans l'après Bouteflika et chacun aiguise ses armes et affiche ses ambitions. Le chef du Hamas, Soltani en prenant ses distances avec le clan Bouteflika, Ouyahia, le patron du RND, en se posant comme le successeur légitime bénéficiant du soutien de l'armée, Belkhadem, le patron du FLN, en tentant de se rapprocher de la base islamiste. Alors que les scénarios multiples sur son départ prématuré du pouvoir fleurissent, Bouteflika doit avaler cette « rébellion » de députés qui n'ont jamais rien contesté. Jamais ils ne sont élevés contre aucune violation de la constitution, ni de lois qu'ils ont eux même voté. Jamais, ils n'ont dénoncé la moindre violation des droits de l'homme ou les restrictions à la liberté d'expression. Jamais, ils n'ont dit le moindre mots devant les affaires de corruption, regardant sans broncher les richesses du pays pillées par les décideurs. Jamais, enfin, ils n'ont élevé la voix contre les injustices, les emprisonnement arbitraires. Au contraire, ils ont toujours levé les mains, bien haut, bien visibles, pour tout voter, sans aucun état d'âme, ni aucun scrupule. Et les voilà aujourd'hui qui remettent en cause ses propres réformes. Une giffle ! La lente agonie politique Bouteflika doit, en effet, se souvenir de l'humiliation vécu par l'ancien Président de le république, Liamine Zeroual et dont lui même en a été le bénéficiaire. Alors qu'il était encore président pour quelques mois, en attendant l'arrivée de Bouteflika coopté par les généraux, Liamine Zeroual, est pratiquement ignoré par la « classe politique ». Lors d'une cérémonie officielle, à laquelle assistent, le sortant et le remplaçant désigné mais pas encore élu, la foule des courtisans s'empresse autour d'un Bouteflika, fier comme un paon, redoublant de salamaleks et de chaudes embrassades, ignorant jusqu'à l'indécence, celui qui est pourtant encore le chef de l'état. Cela durera jusqu'au départ définitif de Zeroual du palais présidentiel. Après la défection de Belkhadem, qui a sonné la charge contre ses réformes, le silence narquois d'Ouyahia qui n'a pas retenu ses « députés », le lessivage des textes de Bouteflika à l'APN sonne comme le début d'un long chant du cygne. Celui qui ne voulait pas être « un trois quart de président » en est réduit à couper les rubans des réalisations et à se faire filmer, de temps à autres, par télévision en compagnie d'un étranger de passage à Alger pour montrer qu'il est toujours en place. Ce troisième mandat, qui n'en finit plus, s'est transformé pour Bouteflika, notamment depuis l'éclatement des révoltes arabe et les émeutes de janvier 2011 en Algérie, en une lente agonie politique. Yahia Bounouar Lectures: