Une cinquantaine de chercheurs en sciences sociales venus de 11 universités du pays ont pris part, hier, au pôle universitaire de Chetma de l'université Mohamed Khider (UMK) de Biskra, à un colloque national sur les nouvelles formes de journalisme induites par l'utilisation généralisée des smartphones et d'internet. Organisée par le laboratoire de psychologie de la communication en milieu algérien (PCMA) de la faculté des sciences humaines et sociales de l'UMK, cette rencontre académique, où on été programmés 45 conférences orales, des ateliers pour les étudiants en master et l'affichage de posters et de communications écrites, s'est évertuée à cerner les effets socio-psychologiques du recours au mobile en tant que source et réceptacle d'informations continues, à expliquer la modification et la reconfiguration du paysage médiatique et démontrer que le travail traditionnel du journaliste lambda connaît de profondes transformations à cause, où grâce, c'est selon, aux smartphones et autres objets connectés à la Toile. «Le monde médiatique et de la presse écrite, parlée et télévisuelle se transforme indubitablement du fait de la généralisation des moyens électroniques de communication avec tous les dépassements constatés à l'endroit des personnes, des institutions et de l'Etat et de la vérité, ainsi que de la crédibilité de la presse traditionnelle, perdant petit à petit son statut de 4e pouvoir. Aujourd'hui, n'importe qui peut endosser le statut de journaliste en publiant et émettant des informations via son portable. Il est nécessaire de réfléchir et de vulgariser des règles déontologiques afin de prémunir notre société et nos enfants contre les rumeurs et les fausses informations dites ‘‘fake news'' pouvant avoir de graves répercussions sur la cohésion familiale et sociale d'une communauté. Nous sommes à l'ère de l'e.gouvernance et l'Etat doit être pourvoyeur de services et d'informations précises et vérifiées pour éviter l'action néfaste du flux d'informations parvenant et produit par les utilisateurs des téléphones portables», a expliqué Zakaria Benseghier, enseignant en communication à l'UMK. «La frontière entre journalisme professionnel et journalisme amateur s'amenuise et il est nécessaire d'étudier et de comprendre l'impact socio-psychologique du Mobile journalism (Mojo) et de déterminer et vulgariser des règles d'utilisation éthiques et morales et de diffusion des informations par tout un chacun. Le but est de maîtriser les applications et les programmes et de valoriser le recours aux téléphones portables pour s'informer ou informer les autres», a ajouté Nasser Djeber, directeur du laboratoire des études psychologiques et sociologiques de l'UMK. A l'issue de ce colloque national, auquel les organisateurs souhaitent conférer un cachet international dès la prochaine édition, plusieurs recommandations visant à prémunir la société algérienne contre les effets dévastateurs du Mojo ont été émises par le conseil scientifique préconisant, entre autres, des actions de sensibilisation destinées aux écoliers, aux lycéens et au grand public, vulgariser par différents créneaux une culture de l'utilisation rationnelle et raisonnée des smartphones et la lutte contre les contenus diffamatoires, erronés ou transgressifs, les rumeurs, les fausses informations et les contre-vérités par la création de sources d'informations crédibles de diffusion professionnelle de celles-ci.