Ce mouvement se poursuit encore Au-delà des analyses superficielles, le peuple algérien bouge de tous les mouvements de changement qui se produisent dans ces pays. L'impact est d'abord psychologique. Les révolutions en Tunisie et en Egypte auront prouvé la possibilité d'une voie pacifique vers le changement. Même si en Libye, au Yémen et en Syrie les chemins vers la démocratie se révèlent plus ardus en raison des complexités sociales, sociétales, politiques ou géopolitiques. Les mouvements en cours ont permis de relativiser la menace terroriste et le danger islamiste. L'instrumentalisation et l'exploitation de ces menaces à des fins politiques par des régimes autoritaires n'ont pas empêché ces peuples de s'impliquer et de provoquer le changement. Les événements montrent chaque jour que les régimes autoritaires en place ont besoin d'un niveau de violence comme atout intérieur et à des fins de légitimation extérieure. Les peuples veulent le changement, ils n'ont pas peur du changement ! Il reste à convaincre les opinions occidentales et leurs gouvernements. Ces peuples auront montré que les forces populaires sont le facteur fondamental pour faire avancer l'histoire, même si l'implication des élites a été déterminante. Il faut enfin noter que les changements en cours sont d'essence politique et sociale. Tenter de séparer le politique du social, voire de l'économique, peut parfois relever de la bonne foi et de la naïveté, mais énoncé par des responsables politiques au plus haut niveau, cela relève de la manipulation, de la répression et de l'oppression. En Algérie : – La détérioration sécuritaire de ces derniers jours soulève bien des interrogations. – Demander du travail, revendiquer un logement et un salaire décent, lutter pour un statut professionnel, lutter pour l'égalité des chances et une formation universitaire de qualité sont des revendications politiques. En Algérie : Le pluralisme politique est encore à venir ; les droits de l'homme sont encore à enraciner, la construction démocratique de la nation et de l'Etat reste un idéal à concrétiser ; les Algériennes et les Algériens ne sont pas libres et ne vivent pas en démocratie. Comment croire qu'un régime politique issu d'un coup d'Etat, qui survit par d'autres coups d'Etats grâce à l'état d'urgence et aux lois sécuritaires de lutte contre le terrorisme, qui se pérennise par des révisions constitutionnelles et des élections truquées, puisse édifier des institutions légitimes, crédibles et représentatives ? Comment croire qu'un tel régime puisse en une année réaliser ce qu'il n'a pas fait depuis l'indépendance ? Quelle est la réalité dans le pays en matière de libertés, quand même le rapport des Nations unies, sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, accable les autorités algériennes ? Où trouver la nouvelle administration compétente, intègre, performante pour remplacer l'administration actuelle ? Qui peut croire que des réformes politiques, économiques et sociales peuvent être menées avec ce gouvernement, cette assemblée nationale et ce Sénat ? Il n'y a que le chef de l'Etat, les ministres, les députés et les sénateurs pour le croire ! Nous ne pouvons, une de fois de plus, que regretter la complaisance et le laxisme des positions françaises et américaines qui feignent de croire aux réformes sans aucune garantie. Le pays a besoin d'un appui à de vraies réformes, de relations internationales imprégnées d'éthique et d'idéalisme politiques même si ces relations prennent en compte les rapports de force et les intérêts. Gagner du temps, tenter de regagner un crédit international, s'adresser aux opinions occidentales, voilà l'objectif primordial qui éclaire le contenu du discours récent du chef de l'Etat. Prodiguer un discours sur les réformes, faire quelques concessions sur le front social, resté inflexible et refuser toute ouverture politique, voilà la stratégie du régime. Le statu quo, encore le statu quo, toujours le statu quo, voilà le crédo de Bouteflika, voilà le crédo des décideurs, voilà le crédo du pouvoir. Ce discours ne répond pas aux attentes et aux aspirations de la population et ne répond pas aux besoins de la situation. Malgré les apparences, la période actuelle est une opportunité et une chance pour le changement pacifique. La fin de non recevoir opposée par le régime aux différentes propositions et aux différentes mobilisations populaires a gâché cette chance et ne fait que reporter l'échéance ; elle a rendu les choses plus complexes et plus difficiles. Dans la société, les choses évoluent, les choses bougent, la décantation est en route ; à terme, les vraies forces de changement se reconnaîtront et convergeront, l'espoir est encore permis, le plus important n'est pas l'«ordre public à tout prix», c'est la réintégration et l'inscription dans le mouvement de l'histoire ; les forces du changement y travaillent. Le plus important, ce n'est pas l'ordre public mais l'ordre historique. Algériennes, Algériens Impliquez-vous Ne pas faire de politique aujourd'hui, est la pire des politiques. P/ Le secrétariat national Le premier secrétaire Karim Tabbou