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Un homme d'honneur qui n'aimait pas les honneurs
Publié dans El Watan le 14 - 05 - 2011

Nous avions fait de son cabinet notre point de rencontres. J'étais le moins familier du groupe et me demandais avec un grand étonnement comment ils et elles acceptaient de revenir chez Maître Issad malgré la façon dont il les rabrouait. Comment peut-on admettre cela et pourquoi reviennent-ils, me demandais-je ? J'ai compris par la suite que ces attitudes et ces brutalités étaient une façon d'être affectueuse d'un homme au grand cœur. Un jour, alors que j'étais encore très peu familier, il me bloquât net en me disant : «Pourquoi tu es venu maintenant toi ?», je m'attendais, vu le ton, à être mis à la porte comme un malpropre. Il enchaîna : «Non, c'est parce que ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vu !».
A l'université, il nous surprit en train d'évoquer des difficultés d'accès à la bibliothèque. Il nous reprocha de ne pas lui en avoir fait part et interpella durement le doyen qui passait par là. J'ai côtoyé ensuite le professeur Issad, dans une aventure passionnante, la mise sur pied du centre de conciliation et d'arbitrage de la chambre algérienne de commerce et d'industrie qui est son chantier inachevé. Il a été notre tête d'affiche dans cette entreprise que nous continuerons, hélas sans lui : la promotion des mécanismes alternatifs de règlement des différends. Les retombées positives de ce centre sont incalculables sur la justice algérienne. C'est dans cette entreprise que j'ai pu évaluer les qualités et la grandeur discrètes du professeur Issad, un homme d'honneur qui n'aimait pas les honneurs.
Un jour, alors que je lui ai communiqué une sollicitation d'un organisme international pour donner une conférence sur l'arbitrage en Algérie, il me répondit brutalement : «Pourquoi Issad ? Vas y toi !». Je lui répondis que les organisateurs voulaient un grand nom ; il rétorqua comme s'il ne m'avait pas entendu : «Allez, vas y toi ; pourquoi toujours Issad, tu peux bien faire cette communication.» Je repris pour le convaincre : «Ils ont demandé le professeur Issad, je ne pouvais quand même pas me proposer». Il répliqua intransigeant : «Donnes moi leur téléphone, je vais les appeler, c'est toi qui partiras !». Nous avons dû lui forcer la main pour le maintenir à la présidence du comité du centre de conciliation et d'arbitrage qu'il voulait quitter parce que, disait-il : «J'en ai marre de travailler», je lui répondis que nous n'avions pas besoin de son travail mais de son nom pour donner une crédibilité à l'institution.
Etant maintenu à la présidence qui assigne, à son titulaire, uniquement un rôle d'orientation et de concertation, il voulait quand même assumer sa charge de travail comme tous les autres membres. Il prit un dossier qu'il devait traiter ; je le lui ai enlevé d'entre les mains, c'était pour moi un signe de respect. Il me fit plaisir, à maintes reprises, en m'appelant pour me féliciter après avoir lu mes modestes contributions. Il m'est arrivé un jour, lors d'une réunion, d'intervenir pour détendre l'atmosphère, après une volée de bois vert qu'il infligea à quelqu'un. J'en ai pris pour mon argent, je reçus vertement : «Tu n'as pas honte toi, tu passes ton temps à écrire et tu défends un ignare».
Si Issad était infiniment fier de sa carrière universitaire à laquelle il tenait par-dessus tout, il prit une option claire pour l'université lorsque les rumeurs sur une réforme de la profession d'avocat laissaient entendre une prochaine interdiction du cumul de tâches d'enseignement et du barreau. Position très rare par ce temps de trahison des clercs. A quelqu'un qui croyait lui annoncer une bonne nouvelle en lui prédisant un portefeuille ministériel, suite à sa présidence de la commission de réforme de la justice, il répondit : «Tout le monde peut devenir ministre dans ce pays, mais tout le monde ne peut pas être agrégé en droit». Il avait aussi réservé cette boutade — qu'il n'a pas eu l'occasion de lancer — à un journaliste que je ne citerais pas, qui insinua que le professeur Issad deviendrait ministre pour son travail à la commission de réforme.
Il digéra très mal ce qu'il considéra comme une offense : «Tout le monde peut devenir ministre dans ce pays, même toi, mais tout le monde ne peut pas être agrégé en droit». Après son passage à la commission de réforme qui lui ouvrait les portes du système Si Issad est parti sans se retourner, sans regarder derrière. Il avait la force du désintéressement de ceux qui n'attendent rien de personne. Un jour, je l'ai appelé pour l'inviter à une journée d'étude sur un sujet déterminé, je reçus fermement : «Je ne viens pas, je ne connais rien à cette matière». Si Issad était toujours prompt à laisser la place aux autres, aux jeunes. Quelques jours avant son dernier aller simple à Paris et ayant appris récemment que sa fille était avocate, je lui lançais pour le taquiner : «Félicitations Si Issad, vous avez une relève qui va bientôt vous envoyer à la retraite». «Tant mieux» répondit-il : «J'irais me reposer.» Il ne croyait pas si bien dire !
Si Issad a laissé des grands vides dans plusieurs endroits au barreau et ailleurs, nous les ressentirons durement et pendant longtemps au centre de conciliation et d'arbitrage de la chambre algérienne de commerce et d'industrie qui portera son nom et sa marque. Si Issad laissera, aussi et surtout, un grand vide dans nos cœur.


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