Protéger le cadre bâti et gérer les parties communes » était le thème d'une journée d'étude initiée par l'OPGI et à laquelle ont pris part des universitaires et des responsables d'associations de quartier en plus des autorités locales et des cadres du secteur de l'habitat. A l'entame de cette rencontre, H. Bouchagour, directeur de l'OPGI, a fait un constat sans complaisance (photo, et images vidéos insoutenables à l'appui) de l'état de dégradation avancé à la fois du cadre bâti et des parties communes : vides sanitaires transformés en décharge publique, caves noyées dans un cloaque d'eaux usées et que l'on tente vainement de vidanger au moyen de motopompes, de cages d'escalier sombres et délabrées où l'on risque à tout moment de se fracasser les os faute de marches, terrasses et façades d'immeubles défigurées par les innombrables paraboles, niches de climatiseurs et autres « barreaudages » hétéroclites des balcons, des fenêtres et autres ouvertures de la plupart des 15 790 logements et locaux à usage commercial du parc locatif de l'OPGI de la wilaya de Biskra. Dans son intervention et à propos des devantures défigurées des bâtiments de nos cités, le professeur N. Sakhraoui a rappelé que quoi qu'on dise, la façade d'un immeuble public ou privé ayant pignon sur rue est considérée de tout temps et en tout lieu, comme faisant partie intégrante de l'espace public urbain et partant inaliénable. La réhabilitation de ces façades défigurées devrait donc se faire en concertation avec les premiers concernés, c'est-à-dire les occupants des immeubles. A Biskra intra muros, le visiteur notera cependant que les façades des bâtiments du grand ensemble dit « 726 » ont conservé, quelque peu, leur cachet initial parce que convenablement conçues, à l'époque, par un bureau d'études suisse, qui a tenu compte des spécificités locales (climat, us et coutumes...), mais pas leur intégrité architecturale parce qu'une autre partie commune de ces immeubles, à savoir les arcades, ces passages publics et reconnus comme tels dans tous les pays du monde, ont été soustraites à leur fonction initiale et squattées sans vergogne par des institutions publiques qui, se considérant à l'étroit, les ont tout simplement murées et annexées sans autre forme de procès à leurs différents sièges situés au rez-de-chaussée de ces bâtiments, privant ainsi les riverains et les passants d'une protection évidente contre la pluie, le soleil et le vent de sable. Par ailleurs, les parties communes se trouvant à l'intérieur comme à l'extérieur des immeubles, ces espaces que les propriétaires comme les locataires utilisent sans jamais penser à en assurer l'entretien, n'ont pas été oubliées puisque une étude exhaustive sur les multiples facteurs qui sont à l'origine de l'état de dégradation avancé dans lequel elles se trouvent, a été présentée par Mme M. Farida, qui s'est appesantie sur les caractéristiques des habitants de plusieurs grands ensembles qu'elle a choisis comme échantillons et dont elle a comparé les comportements négatifs et autres incivilités à l'égard de leur cadre de vie. Les conclusions sont on ne peut plus inquiétantes : d'abord le niveau intellectuel des locataires comme des propriétaires d'appartement de ces cités (titres et diplômes) est inversement proportionnel, dit-elle, à leur engagement pour l'intérêt public (adhésion à des association de quartier, participation à des travaux d'intérêt public, etc.). S'agissant de la copropriété et des obligations qui en découlent, tout est parfaitement ignoré par la majorité des gens interrogés. Enfin la solidarité entre habitants d'une même cité, cette valeur ancestrale qui, insiste-t-elle, cimentait jadis le tissu social des agglomérations rurales et citadines, ne se manifeste plus qu'entre éléments appartenant à une même ethnie, arch ou tribu, bonjour les dégâts et tribalisme intra urbain ! Le plus désespérant et chacun l'aura remarqué, c'est la tendance de la plupart des adultes actifs des grands ensembles à s'ignorer mutuellement alors que leurs prolifiques progénitures à force de traîner dans les cages d'escalier et les parties communes de tous les bâtiments de la cité, finissent par connaître non seulement tous les habitants mais aussi leurs habitudes, une mine de renseignements pour les apprentis cambrioleurs, d'où la nécessité de concevoir à l'avenir des quartiers à taille humaine dont la fonction première n'est pas de servir de cité-dortoir à une majorité de ruraux en mal d'urbanisation, mais avoir un cadre de vie agréable, où il fait bon vivre et travailler ! Pour sa part, le directeur de la CNL a indiqué que le décret 93/03 fait obligation « au promoteur immobilier d'élaborer un règlement de copropriété et de l'annexer aux actes de transfert de propriété » ; de plus et, le cas échéant, il doit désigner en accord avec les locataires un administrateur de biens pour s'occuper de la gestion et de l'entretien des parties communes. A. Belayat a, par ailleurs, rappelé que selon les normes universellement connues, 1 % de la valeur ajoutée de l'immeuble doit être consenti annuellement aux menues réparations pour le maintenir en état d'habitabilité, et ce, pendant 50 ans, durée de vie minimale d'un cadre bâti. Quoi qu'il en soit, les autorités locales comptent réhabiliter ces cités en dérive mais au cas par cas.