Après la privation imposée par une journée de jeûne, la plupart des familles algéroises ne trouvent pas d'endroits pouvant les accueillir le temps d'une animation ramadhanesque. « Cette année, il y a un manque flagrant en termes d'animation, les soirées tendent toutes à se ressembler tant elles sont ponctuées par la monotonie », souligne un père de famille. Devant cette uniformité lassante, les Algérois se prennent en charge pour égayer leurs soirées maussades. Des locaux sont ainsi transformés pour la circonstance en « mahchachate », lieux où les hommes peuvent se retrouver après la rupture du jeûne autour d'une tasse de café ou de thé, accompagnée d'une cigarette ou d'une prise de tabac à chiquer. « On se retrouve ici entre amis pour jouer aux dominos et aux cartes, on aurait préféré consacrer nos soirées à des activités plus bénéfiques, mais dans notre localité, rien n'est entrepris par les pouvoirs publics en matière d'animation socioculturelle pour nous soustraire à ce genre d'endroit. S'ajoute à cela le manque flagrant de structures culturelles qui, en principe, se chargent de l'animation de proximité, notamment en ce mois de Ramadhan », dira un habitant d'El Kahla à l'est d'Alger. En effet, hormis les quelques communes se trouvant au centre d'Alger et dont les habitants bénéficient traditionnellement de ce genre de programmes dit « Spécial Ramadhan », les autres localités relativement éloignées ne suscitent dans ce domaine aucun intérêt auprès des responsables qui ont à charge de promouvoir ce volet. A l'est d'Alger toujours, les journées sont si rythmées par les embouteillages et les bouchons, que la population est réduite, à ne point sortir la nuit. « Après la rupture du jeûne et l'accomplissement de la prière des taraouih, on s'en va directement dormir, pour pouvoir faire face le lendemain aux interminables embouteillages qui, faut-il le dire, augmentent étonnamment en ce mois de Ramadhan », assure un habitant de Bordj El Bahri. Une petite virée nocturne dans quelques communes se trouvant à la limite avec la wilaya de Boumerdès renseigne cependant sur ce climat de morosité quasi générale qui règne. De Bordj El Kiffan, qui est fermée à la circulation à cause des travaux du tramway, à Réghaïa en passant par Rouiba, Dergana, Aïn Taya et Tamentfoust, le constat est pratiquement le même. Aucune structure culturelle ne propose aux habitants de ces localités un programme d'animation de proximité digne de ce nom. En dépit de l'existence dans chaque commune de structures dédiées à la prise en charge de la population locale dans les domaines ayant trait aux loisirs et à la distraction tels que les maisons de jeunes ou les centres culturels, ce n'est pas pour autant que la population locale en bénéficie.