La 3e édition du Colloque national Malek Haddad, qui s'étale sur trois jours, s'est amorcée hier au théâtre régional (TRC) de Constantine sous l'égide du ministère de la Culture et des autorités de la wilaya. Dans son allocution d'ouverture, le wali, Nouredine Bedoui, évoquera le courage du grand homme de lettres et son engagement durant une période décisive de la guerre d'Algérie, qui a renoncé, la mort dans l'âme, à l'écriture (puisqu'il ne pouvait écrire autrement qu'en français). Un diaporama sur les lieux cultes de Malek Haddad à Constantine a été élaboré et présenté par Abdeslem Yakhlef, enseignant universitaire (sciences politiques), avec une lecture de fragments de poèmes et autre prose de l'écrivain, traduits en arabe, dont «Le malheur en danger». Il faut relever à ce propos, que c'est Abdeslem Yakhlef lui-même qui a fait une remarquable traduction des textes de Malek Haddad, donnant ainsi un immense plaisir à ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Molière. «J'écris pour mériter ma mère», disait le grand poète, dont l'ineffable amour pour sa mère Hmama, à qui il lisait ses écrits, a été mis en exergue. Des phrases consacrées, véritables joyaux littéraires, ont été remémorées par le traducteur, comme: «Le ciel n'est jamais si bleu qu'à Constantine», «L'exil est une mauvaise habitude à laquelle on s'habitue», «Tout est poésie dans la femme, et tant pis pour les analphabètes», ou encore «J'habite dans mes livres, et croyez-moi, je paie le loyer très cher»… l'assistance était complètement acquise. D'ailleurs, en parlant de traduction, d'autres communications, suivies de débats sur l'œuvre traduite de Malek Haddad, seront livrées dans l'après-midi; à titre non exhaustif, en voici quelques-unes: «Le drame existentiel selon les dernières impressions de Malek Haddad», de Abdelhafid Bendjellouli, de l'université de Béchar, «Binarité dans L'élève et la leçon de Malek Haddad», de Halima Bensaid, de l'université de Batna, et «La dimension anthroponymique de l'œuvre de Malek Haddad», de Mounir Hamouda, de l'université de Biskra. Hommage posthume à Nadjia Abeer Un hommage posthume a été également rendu à l'écrivaine constantinoise, Nadjia Abeer, dont la famille était présente. Sa sœur, submergée par l'émotion, lira à l'assistance une lettre adressée à la romancière, évoquant au passage quelques souvenirs d'enfance communs. Une amie de la défunte, Chafia Benmayouf, de l'université de Constantine, relèvera des morceaux choisis de ses trois romans (Les moineaux de la murette, Bab El Kantra, et l'Albatros). Elle parlera de cette femme venue tard à l'écriture, comme d'une «écorchée vive», «révoltée contre l'injustice», qui ne cessera de clamer son amour pour la ville des Ponts : «Constantine, tu me fais souffrir, est-ce que tu le sais ?» et de rechercher, perpétuellement, le passé, l'enfance, le temps perdu… D'autres amies et anciennes voisines évoqueront également le charme et l'humour de cette grande dame, son amour de la musique, sa générosité… Elle a été ravie aux siens en 2005, à l'âge de 57 ans, alors qu'elle avait d'autres écrits en chantier. A des personnes qui émettront le vœu de connaître les œuvres de Nadjia Abeer, le directeur de la culture, Djamel Foughali, répondra que «ses livres vont être incessamment réédités et traduits vers l'arabe». Les deuxième et troisième jours de la manifestation verront d'autres conférences, dont voici quelques intitulés: «Malek Haddad dans le miroir de la critique», de Fatiha Chefiri, de l'université d'Alger, «La langue de l'exil chez Malek Haddad», de Zahra Amiri, de la même université, «La rencontre des genres dans l'œuvre romantique de Malek Haddad», de Ouarda Hafsaoui, de l'université de Khenchela », et bien d'autres, notamment autour de Mohamed Dib, Ahlam Mostghanmi, Abdelhamid Chakil… Un hommage sera également rendu aux deux hommes de lettres, Mohamed Sari et Saïd Boutadjine, pour avoir traduit maintes œuvres de la littérature francophone algérienne vers l'arabe.