La tension est à son comble dans toutes les communes de la wilaya d'Alger. Aucune APC n'est épargnée par la pression exercée par les postulants au logement social. Cette effervescence a atteint son paroxysme, à la suite de la déclaration du wali d'Alger que près de 2000 logements sociaux devraient être distribués d'ici à la fin du mois de juin dans la capitale. Le wali d'Alger, Mohamed Kebir Addou, a même précisé qu'«une instruction a été adressée aux présidents d'APC d'Alger pour la distribution de ces logements dans les plus brefs délais». C'est l'état d'alerte au niveau des APC, qui doivent faire face à la colère et à la frustration des demandeurs qui ne figurent pas sur les listes. Le nombre des logements sociaux, dont disposent les communes, est en-deçà des attentes. L'affichage d'une liste de bénéficiaires est à effet de «bombe» qu'il faut désamorcer. C'est le cas de la commune de Sidi M'hamed qui a bénéficié de 60 logements sur un ensemble de 4500 demandes. C'est un véritable casse-tête pour les élus qui supervisent l'opération. Si la commission chargée d'élaborer la liste a sélectionné les familles éligibles, l'APC veille à ce que soient exclues toutes celles ayant déjà bénéficié de logements. «Ces 60 logements ne doivent être destinés qu'aux cas d'extrême nécessité», explique-t-on. «Ceci, ajoute une source de l'APC, pour éviter toute tension le jour de l'affichage.» Sera-t-on prêt avant fin juin ? A Sidi M'hamed, la priorité est donnée à l'enquête. «Nous faisons tout pour éviter la colère de la population», insiste-t-on. La déclaration du wali n'a pas été pour faciliter la tâche ; à peine la liste des 60 bénéficiaires d'El Mouradia affichée, qu'une émeute a éclaté au début du mois en cours. «Nous réclamons notre droit. Où sont nos logements ?», demandent les pères de famille exclus et dont certains ont élu domicile devant le siège de l'APC, de crainte qu'une nouvelle liste soit affichée à leur insu. Pour éviter un drame similaire, l'APC d'El Madania a reporté l'affichage de la fameuse liste jusqu'au retour au calme. En ce qui concerne la commune de Zéralda qui dispose de 80 logements sociaux, selon le P/APC, M. Khatir «la commission reste souveraine concernant la date de l'affichage et les noms qui y figureront. La tension, il y en a toujours quand on sait que nous avons plus de 2000 demandes», selon le même responsable. Pour les communes ne disposant pas de quotas, c'est le calvaire. «Les citoyens demandent toujours un logement. Notre commune n'en a pas bénéficié depuis notre arrivée à l'APC, et tous les jours, nous recevons des demandes. L'APC est harcelée. Nous avons revendiqué un quota, en vain», explique M. Lakrouz, P/APC de Rouiba. Ce dernier fustige la façon dont sont répartis les quotas. Des élus critiquent également le procédé à effet d'annonce du wali. «La livraison de logements sociaux en fin de mandat est un point non négligeable sur le compte d'un élu. Et ce n'est pas le cas pour les élus des APC non destinataires de quotas», explique un élu ayant requis l'anonymat.Les APC de Chéraga, Dar El Beïda, Aïn Taya et d'El Biar sont également exclues des programmes de logement social, malgré la demande pressante pour cette formule. C'est à se demander si l'opération de distribution de ces logements se fera sans embûches. Les moins optimistes n'hésitent pas à la comparer aux promesses faites par le ministre de l'Intérieur concernant l'allègement des procédures d'obtention de papiers d'identité et qui ne sont pas encore concrétisées réellement : «Le plaisir de faire des annonces !»