Les communes sont-elles traitées sur un pied d'égalité concernant l'attribution des quotas de logements ? A Alger, la réalité du terrain indique autre chose. L'habitat, principale préoccupation pour la majorité des jeunes Algériens, risque d'être encore le cheval de bataille des élus qui ont l'intention de postuler à nouveau pour les prochaines échéances électorales. L'attribution de logements n'est, certes, pas du ressort des APC, mais les maires ayant supervisé des opérations de relogement ou la remise de clefs aux bénéficiaires de LSP ou de logements sociaux auront plus de points pour défendre leur bilan. Inégalité, selon les P/APC qui ont, le long de leur mandat, tenté d'expliquer à leurs administrés que la solution à leur problème de logement est entre les mains de l'administration et que l'APC n'a aucun poids dans la confection des listes ni dans l'attribution des quotas. Les «dirigeants» des communes, qui n'ont bénéficié d'aucun quota de logements depuis l'installation des assemblées, estiment que la livraison de logements sociaux en fin de mandat est un point non négligeable sur le compte d'un élu. Et ce n'est sûrement pas de la susceptibilité, si un maire estime qu'il est en position défavorable face à un «collègue» d'une autre commune qui va bientôt organiser une opération de remise de logements dans le cadre social, ou dans le cadre de l'opération de relogement initiée par la wilaya d'Alger pour l'absorption de l'habitat précaire. D'ailleurs, cette opération a été interrompue au début de l'automne pour reprendre en 2012. Il faut savoir qu'il reste encore 200 000 logements à distribuer dans le cadre de l'absorption de l'habitat précaire d'ici 2014. L'APC d'Alger-Centre est considérée comme étant parmi celles qui sont favorisées en matière de timing. Au moment où d'autres communes n'arrivent même pas à arracher un quota, une opération de distribution de 1200 logements de type LSP sera organisée au premier trimestre de 2012, soit juste avant les élections législatives. Coïncidence ou calculs politiciens ? Des élus d'autres communes ne sont pas «crédules». «Nous attendons depuis des années que la wilaya daigne nous attribuer un quota. En vain. Notre commune est exclue de tout programme d'habitat depuis notre arrivée à l'APC», accuse Mme Benchaker, élue RND de l'APC de Aïn Benian. «Sur quelle base décide-t-on que telle APC bénéficie d'un quota et non pas l'autre ?», s'interroge-t-elle. La commune de Aïn Benian, qui compte en chiffres officiels 2500 demandes et 3000 baraques à éradiquer, a été dotée durant le mandat précédant de 180 logements sociaux dont 100 seulement ont profité aux habitants de la communes tandis que les autres ont été attribués aux communes voisines, indique la même élue. Couleur politique en jeu L'inégalité dénoncée par certains élus concernant l'attribution de quotas est considérée par Merzouk Lakrouz, président de l'APC de Rouiba, comme une manière de «faire payer notre honnêteté dans l'exercice de nos fonctions». Elu FFS, le maire de Rouiba n'y va pas par quatre chemins pour faire le lien entre les quotas et la «couleur politique de l'APC». «C'est une manière de discréditer les formations politiques de l'opposition représentées aux commandes des communes qui ne sont pas dotées de quotas», estime le P/APC de Rouiba, qui rappelle que depuis l'installation de l'APC en 2007, aucun quota de logements n'a été attribué à cette commune qui compte 5000 demandes réclamant une solution. La commune de Réghaïa, qui a presque les mêmes caractéristiques que la municipalité de Rouiba, a bénéficié, elle, de 1000 logements LSP et de deux programmes sociaux. «Comment expliquer donc ces disparités ? C'est un parti pris de l'administration voulant favoriser certains futurs candidats au détriment d'autres. La répartition des quotas n'obéit à aucune autre logique», accuse-t-il également. Le P/APC des Eucalyptus, Abdelghani Ouicher, revendique pour sa part «la révision des quotas». Cette réclamation a été exprimée officiellement au président du Conseil national économique et social dans le cadre des rencontres du CNES avec la société civile. «La commune des Eucalyptus a bénéficié de 601 logements sociaux depuis 2007. C'est vraiment en deçà de la demande. On nous évoque le problème du foncier alors que les terrains urbanisables disponibles dans la commune sont largement suffisants», souligne M. Ouicher qui s'interroge sur les vrais critères d'attribution des quotas. En attendant les 1500 LSP qu'elle compte réaliser «hors territoire», la commune de Sidi M'hamed a pu distribuer 60 logements sociaux l'été dernier. Des APC non destinataires de quotas comme Chéraga, Dar El Beïda, Aïn Taya et El Biar dans la wilaya d'Alger, explique un élu, devront se contenter des prestations fournies à la population pour défendre leur bilan.