Ahmed Hamdane de la série humoristique « Taxi el madjnoun » est en grève de la faim devant le siège de la wilaya d'Oran depuis mercredi dernier. Il a élu domicile dan sa vieille Peugeot 403 (1960), garée à l'entrée du parking de cette institution, et attend d'être payé pour trois spectacles qu'il a donnés l'été 2001. Il n'est pas, à proprement parler, victime d'un arbitraire mais d'une naïveté d'artiste conjuguée avec le fonctionnement administratif qui exige, notamment, des pièces justificatives avant de sortir son argent. Attablé sans consommer dans un café du rond-point de la wilaya, Ahmed Hamdane raconte ses péripéties. A cette époque-là, le « fou du taxi » était à la tête d'une compagnie de 14 artistes, en tournée nationale, avec un spectacle intitulé Do Re Mi. Cette compagnie n'avait malheureusement pas d'existence administrative. Respectivement à Sidi Bel Abbès et Aïn Témouchent, il a vendu son spectacle à 200 000 DA. « J'ai été payé en liquide », confie-t-il. Devant le succès obtenu auprès des enfants de ces localités, il a été recommandé au wali d'Oran qu'il est venu rencontrer tout de suite après. Il dit avoir été bien reçu par l'ancien chef de l'exécutif qui lui a commandé trois représentations, mais avec un prix négocié de 150 000 DA. Des instructions ont été données et les communes d'Oran, d'Arzew et d'Aïn El Turck ont accepté d'abriter le spectacle de M. Hamdane. A chaque étape, les APC concernées avaient effectivement fait le nécessaire pour faciliter les représentations. Tout s'est bien déroulé, mais, pour être payé, l'artiste a été sommé de présenter des factures. N'ayant rien à présenter, ses ennuis ont commencé. Une première fois, il a dû faire appel à un ami d'Oran avant de se résigner lui-même à se doter d'un registre de commerce, avec des statuts pour la création de la SNC Didi Hamdane et Cie. Entre-temps il était occupé à mettre sur pied son orchestre, Djohara. Les méandres de la bureaucratie Sans se rendre compte du temps qui passe, ce n'est qu'en septembre 2004 qu'il est revenu à la charge pour revendiquer son dû que tout le monde reconnaît, y compris l'ancien chef de cabinet à la wilaya sur lequel M. Hamdane veut tout focaliser pour avoir été, selon lui, l'exécutant des instructions (mais verbales) du wali. M. Hamdane a été invité à se rendre aux communes respectives qui ont montré une disponibilité à payer, mais à condition de présenter un bon de commande, les factures étant désormais disponibles. Contacté par téléphone, l'ancien chef de cabinet a du mal à comprendre pourquoi il est particulièrement visé par l'artiste. « Je suis, pourtant, moi-même intervenu auprès des chefs de daïras et des communes d'Arzew et d'Aïn El Turck pour que M. Hamdane soit payé dans le respect des procédures administratives », déclare-t-il ; et d'ajouter : « normalement, on ne peut pas effectuer de paiements antidatés, mais, malgré cela, étant donné que personne ne conteste le travail qui a été fait, des solutions peuvent être trouvées. » Contrairement au P/APC d'Aïn El Turck, celui d'Arzew est toujours en poste. L'ancien chef de cabinet atteste que, aujourd'hui, il suffit que M. Hamdane se présente dans ces deux communes pour qu'il récupère son argent. M. Hamdane a dû louer une maison à El Ançor pour suivre son affaire. Dans sa vieille voiture avec laquelle il a sillonné le territoire national, cet homme en colère est décidé à aller jusqu'au bout de sa grève de la faim. Cela devient même une question de principe, car, promet-il, « l'argent, 450 000 DA en tout, ira au bénéfice des enfants abandonnés. » Dans l'absolu, il a bel et bien fourni un travail pour lequel il n'a pas été payé.