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L'anarchie bat son plein
Publié dans El Watan le 08 - 08 - 2011

En ce mois sacré de Ramadhan, le couffin est le souci premier du commun des jeûneurs. Cependant, pour faire les courses quotidiennes, la tradition impose, depuis des années, le passage par les marchés informels qui ne cessent de proliférer dans les principales villes de la wilaya. L'anarchie qui règne est telle que le consommateur est livré aux caprices des squatteurs des rues et trottoirs, transformés, par la bénédiction des responsables locaux, en de grands espaces de vente de divers produits alimentaires. Les mauvaises conditions d'hygiène et d'exposition des marchandises n'inspirent aucune inquiétude pour la santé du consommateur, souvent complice par son indifférence. Si à Jijel, chef-lieu de wilaya, la ville dispose d'un marché où règne une certaine organisation, même si la salubrité reste une source de préoccupation, à El Milia et Taher, les deux autres grandes agglomérations de la wilaya, la pagaille est le maître mot de la situation.
Faute d'un marché de proximité ou d'endroits aménagés pour le besoin des activités commerciales réglementées, ces deux villes sont confrontées, en ce mois de carême à un désordre qui ne dit pas son nom. Le laisser-faire des autorités concernées a poussé les marchands informels à faire preuve de plus d'agressivité pour s'installer carrément dans les rues après s'être emparés des trottoirs. Le phénomène est observé avec plus d'audace à la rue du 20 Août 1955, située en plein cœur de la ville d'El Milia et fermée par décision communale pour servir de marché. En l'absence d'un espace commercial, la solution de rechange est vite trouvée sans penser aux conséquences d'une telle décision qui ne fait qu'encourager le commun des commerçants légaux à mettre la clé sous le paillasson pour aller grossir les rangs des vendeurs informels. «A force de vouloir faire de cette rue un marché on a fini par la transformer en un vaste endroit de délinquance, une arène de bagarres et de disputes pour les espaces, sans parler des tas d'ordures qui ne cessent de s'accumuler depuis le premier jour du Ramadhan», affirme avec colère un commerçant des lieux.
La fermeture de cette rue, l'une des plus importantes de la ville d'El Milia, est devenue une habitude depuis plusieurs années, et ce, pour permettre aux marchands de tout bord de venir s'y s'installer. Au marché de la cité Boulatika, un endroit crasseux et répugnant, le désordre est le même dans une ville qui dispose pourtant d'un marché de proximité, réalisé depuis peu et fermé pour des raisons obscures. Cet espace d'une cinquantaine de locaux aurait pu mettre un certain ordre dans ce climat d'anarchie, même si le nombre de postulants parmi les commerçants recensés dépasse de loin l'offre de ce marché. Le même phénomène est constaté dans la ville de Taher où un marché, démoli en 2008 et reconstruit depuis un certain temps, n'a jamais ouvert ses portes pour les commerçants qui désirent y occuper un local. Pour faire leurs emplettes quotidiennes, les citoyens de cette ville sont contraints de faire le tour des rues et trottoirs pour s'approvisionner en fruits et légumes. Les rues du 1er Novembre 1954 et des Moudjahidine sont devenues le nid préféré des marchands informels, dont le nombre ne cesse de croître.


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