C'est cette eau miraculeuse qui a permis l'exploitation d'oasis luxuriantes. Que se cache-t-il sous les dunes arides du désert ? Ni plus ni moins des réserves aquifères souterraines qui permettraient d'avoir, au rythme actuel de la consommation algérienne, des réserves pour des milliers d'années. Des études ont montré que le bassin aquifère du Sahara est l'un des plus grands au monde, partagé entre l'Algérie et la Tunisie. Ils sont répartis dans deux immenses aquifères, le continental intercalaire et le complexe terminal. Le volume des eaux contenues dans les nappes phréatiques du Sahara est estimé à 60 000 milliards de mètres cubes, dont 40 000 milliards de mètres cubes dans le sous-sol algérien, a indiqué le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. L'exploitation de ce précieux liquide, à hauteur de 1,7 milliard de mètres cubes d'eau puisés dans les nappes souterraines du Sahara, sert principalement à l'acheminement d'eau vers les régions en déficit hydrauliques plus au nord. Ces eaux souterraines sont déjà exploitées par la Libye, dont on connaît le projet pharaonique de rivière artificielle qui pompe directement l'eau dans l'aquifère saharien pour l'acheminer vers les villes du nord. En Algérie, les projets de pompage d'eau s'inscrivent dans la politique algérienne d'aménagement du territoire, comme c'est le cas pour le projet de canalisation de l'eau de la nappe phréatique d'In Salah pour être acheminée jusqu'à Tamanrasset, inauguré en avril dernier. Un autre projet en cours concerne l'acheminement de ces ressources aux régions steppiques du nord. Ces ressources ne seraient pas renouvelables en cas de fort pompage. En 2006, un système permettant de contrôler les prélèvements excessifs a été mis en place par les trois pays riverains de ce grand océan d'eau douce. Le Système aquifère du Sahara septentrional (SAS), basé à Tunis, a aussi pour objectif de créer une base de données complètes afin d'améliorer à long terme l'entretien et l'actualisation des modèles servant à l'extraction de l'eau. On ne peut que se réjouir de ce mouvement de coopération transnational sur un thème aussi important que les ressources en eau. En revanche, on peut s'interroger sur la pertinence de l'utilisation de ces eaux, qui acheminées au nord, ne servent plus le développement local des régions sahariennes. Ajouter à cela des pertes d'eau pouvant aller jusqu'à 70% par l'utilisation intensive des agriculteurs. Les fougaras du Touat sont peu à peu abandonnées faute d'eau. La réelle question est de savoir comment utiliser l'eau de la nappe albienne du Sud algérien sans porter préjudice à l'environnement, apportant ainsi une alternative possible aux usines de dessalement d'eau, très coûteux en énergie fossile.