Jadis attraction des touristes et des sportifs de haut niveau, la forêt de Yakouren subit ces dernières années une destruction systématique dans l'indifférence générale. Le massif forestier est devenu un dépotoir géant, où tout se jette et rien n'est ramassé. L'action menée ces derniers jours par les citoyens du village Aït Aïssi, ayant fermé pendant quelques jours la décharge où sont déversées les ordures des communes d'Azazga et de Yakouren, aura été finalement un acte symbolique et méritoire, très en avance sur les autorités locales en charge de la protection de l'environnement. Cet endroit situé à mi-chemin entre les chefs-lieux des deux communes est devenu un concentré des dégâts subis par cette forêt autrefois appelée le Bois Sacré. Elle est devenue une décharge sauvage tolérée par les autorités, un laxisme aggravé par l'incivisme des gens qui rejettent toutes sortes de déchets sur les abords de la route nationale et même à l'intérieur de la forêt. D'aucuns ont signalé que la décharge en question était éloignée du village Aït Aïssi, mais quiconque met les pieds près de ces tas d'ordures nauséabonds, où des sacs contenant des matières organiques sont éventrés, reconnaîtra que l'action de ces villageois est une initiative salutaire et courageuse. Pour avoir tenu un siège d'une semaine dans un endroit aussi infect, les villageois méritent la reconnaissance de tous ceux qui manifestent la volonté de protéger l'environnement. Les odeurs de putréfaction attestent de rejets douteux dans cet endroit naturel. Le singe magot recule, les arbres perdent de leur fraîcheur, les automobilistes referment les vitres en passant sur la route nationale. Triste sort pour le « poumon » de la localité, où le microclimat ne pourra pas cohabiter longtemps avec une méga-décharge. Les élus locaux en place depuis moins de deux ans ne peuvent pas assumer à eux seuls cette catastrophe en cours. Les rejets sauvages agressant cette forêt depuis de nombreuses années sont le résultat de l'inexistence d'un programme global de traitement des déchets. Alors que les villes environnantes ont connu un essor urbanistique important, rien n'a été conçu pour prendre en charge les ordures générées par une population en constante augmentation.