Rassemblés hier devant le siège de la Centrale syndicale à Alger, les employés licenciés suite à des mouvements de protestation crient leur rage de voir l'une des plus grandes entreprises algériennes sombrer dans l'endettement et la mauvaise gestion. N'ayant pas perçu leur salaire depuis le mois d'avril dernier – les derniers salaires ayant été versés à la veille de l'élection présidentielle –, ils ont eu des mots très durs envers les responsables de l'entreprise. Première salve : « La rentrée scolaire est à nos portes. Pendant que les dirigeants de l'entreprise gèrent leurs intérêts personnels, ma fille n'a même pas de quoi s'inscrire à l'école », s'insurge un ancien conducteur d'engins de travaux publics. Deuxième salve : « Si les dirigeants ne se sentent pas capables de gérer l'entreprise, ils n'ont qu'à se retirer. Les véhicules de tourisme des directeurs continuent de rouler alors qu'un concasseur dernier cri acquis en 2004, d'une valeur de 17 milliards de centimes et d'une capacité de 420 tonnes/heure, n'a jamais été mis en fonction », a estimé un technicien en informatique. Pour les 380 travailleurs licenciés de Sonatro, il semble que c'est un scénario noir qui se profile. Même si les responsables de l'Ugta ont promis de prendre en charge leur dossier, l'actuel directeur de Sonatro ne fait rien pour calmer les esprits. Depuis le mois d'avril dernier, les travailleurs de l'entreprise de travaux publics ont fait le pied de grue devant le siège de la société à la zone industrielle de Réghaïa pour réclamer « la sauvegarde de l'entreprise ». « Nous étions sous un soleil de plomb. Personne n'est venu s'enquérir de notre situation. Les portes de l'entreprise sont restées fermées, alors que notre seule revendication est la sauvegarde de l'entreprise », s'insurge-t-on. Les travailleurs de Sonatro disent ne pas comprendre qu'un ancien fleuron de l'économie algérienne ne participe pas aux grands projets et qu'il n'a même pas les moyens de régler les salaires de ses employés. « Comment est-ce qu'ne entreprise comme Sonatro n'est pas impliquée dans les grands chantiers qui labourent l'Algérie. A l'heure où l'Algérie construit une autoroute d'Est en Ouest, la plus grande entreprise de travaux publics se trouve marginalisée. Comment le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a dénoncé les agissements des responsables de Sonatro dans une intervention à l'APN, n'a rien fait pour les arrêter », se sont interrogés les travailleurs, qui réclament, l'ouverture d'une commission d'enquête sur le mode de gestion de leur entreprise.