Le premier responsable de cet établissement, M. Jabre, nous a pourtant révélé que les employés ont bénéficié d'une augmentation de salaires de 30% au lieu des 15% exigés par l'Etat algérien. “Non au manque de respect, aux humiliations, aux menaces et à la hogra.” C'est ce qu'on peut lire sur les banderoles des travailleurs de l'hôtel Safir-Mazafran de Zéralda, qui ont observé, hier matin, un mouvement de protestation devant l'entrée de l'établissement et qui dure depuis le 19 octobre dernier. Les travailleurs de l'hôtel crient leur désarroi et appellent les autorités concernées à trouver une solution à leur problème. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'union de la wilaya d'Alger UGTA par les membres de l'union locale de Chéraga, le personnel de l'établissement dresse une topographie détaillée de leur situation et des mauvaises conditions de travail. M. Zaydi, membre de l'union locale déclare : “Nous avons rencontré le directeur général de l'hôtel, M. Gilbert-Antoine Jabre, en date du 3 juin 2007, bien avant l'éclatement du conflit, pour lui faire part des revendications du personnel et pouvoir représenter provisoirement le collectif et préparer l'élection d'une section syndicale. Nous étions étonnés par non seulement son refus de notre proposition, mais aussi par l'offre qu'il nous a faite à former une section syndicale désignée par lui et dirigée par ses cadres.” Il ajoute que suite à cette rencontre censée arranger les choses, la situation s'est dégradée. “En date du 31 août 2008, nous avons reçu en notre siège un groupe de travailleurs de l'hôtel avec une plainte signée par une grande partie du collectif dénonçant les humiliations, l'irrespect, les licenciements abusifs et autres procédures, comme la fin de contrats, les retenues injustifiées sur salaires, le mauvais traitement. Depuis, le directeur nous a promis de trouver une solution au conflit, mais rien n'est fait”, a-t-il dit. Il précise que “l'hôtel est une propriété publique, même s'il est géré par une chaîne koweïtienne. Les responsables doivent respecter le code du travail algérien”. Les membres de l'union locale sont revenus à la charge et ont essayé de rappeler au directeur ses engagements et à mettre fin aux sanctions arbitraires contre les travailleurs. Mais le contraire s'était produit, selon leur version des faits. M. Jabre s'est acharné sur les travailleurs en procédant à de nouveaux licenciements des travailleurs qui exercent sous contrat à durée indéterminée (CDI) et d'autres employés ayant des contrats à durée déterminée (CDD). Les fonctionnaires confirment qu'ils n'ont pas eu droit à l'augmentation de 15% que l'Etat algérien a ordonné ni à la prime de rendement collectif (PRC) et individuelle (PRI). Le transport reste un problème pour le personnel qui travaille tard le soir. A. K., femme de ménage de son état, nous dira : “Il y a des femmes qui travaillent jusqu'à une heure tardive de la soirée. Elles ne trouvent pas de moyens de transport pour se rendre à leur domicile et quand elles demandent le transport, elles se heurtent au refus du directeur.” Les personnes présentes au sit-in en solidarité avec leurs collègues injustement licenciés affirment qu'elles risquent d'être elles aussi mises à la porte. Contacté par nos soins, le directeur de cet établissement, M. Jabre, nous dira tout de go : “Je suis à la tête de cet établissement depuis une année et je ne comprends pas pourquoi les travailleurs n'ont pas été régularisés avant. Pour ce qui est de mon ressort, personne ne peut m'obliger à le faire. Le code du travail algérien m'autorise à les employer avec des CDD ou à les renvoyer. Alors je suis dans mon droit absolu. Toute personne qui m'accuse de ne pas respecter le code du travail, qu'elle le prouve !” Il affirmera, par ailleurs, que “leur mouvement de protestation est illégal. Je n'ai reçu aucun papier qui fait mention de cette protestation. Pour faire une protestation, il faut informer la direction en lui envoyant une lettre”. Et de marteler : “Après le premier mouvement de protestation, j'ai convenu avec les protestataires de passer l'éponge. J'ai augmenté leurs salaires de 30% au lieu des 15% exigés par l'Etat algérien. Suite à cela, les salariés de l'hôtel considèrent mon geste comme une faiblesse.” Le directeur de l'établissement affirme que “dans cet hôtel, il y a des personnes qui veulent faire régner l'anarchie, et moi je ne veux pas de ce genre de gens dans mon établissement”. En somme, le bras de fer risque de durer sachant que les travailleurs ne comptent pas baisser les bras. DJAZIA SAFTA