Les travailleurs de la Société nationale des travaux routiers (Sonatro) ont observé, hier, un mouvement de protestation devant le siège de l'Union générale des travailleurs algériens, à Alger, pour dénoncer l'attitude indifférente des pouvoirs publics à leur égard, alors que leur problème dure depuis deux ans. En grève depuis le mois d'avril devant le siège de la société à Reghaïa, et comme personne n'a répondu à leurs doléances après avoir envoyé des lettres aux autorités responsables, les travailleurs de cette entreprise ont décidé de rompre le silence pour se faire entendre. Depuis le début de ce bras de fer, 257 personnes ont été licenciées. “Le directeur veut nous tuer à petit feu. L'entreprise nous doit deux semaines de salaire ; jusqu'à l'heure actuelle, nous n'avons rien reçu. Pis encore, pour ne pas nous payer, le directeur a viré le salaire du mois de juillet tout en omettant de verser les salaires du mois d'avril à juin”, dénonce un des grévistes. La rentrée scolaire qui approche et le mois de Ramadhan avec ses dépenses ont fini par sortir de leurs gonds ces travailleurs. “Nous étions très patients jusque-là, mais tout a une limite. Si l'on continue à nous ignorer, je vous assure que notre réaction sera peut-être très violente”, jure un autre. “Durant sa campagne électorale, le président de la République a demandé ici à l'UGTA aux travailleurs de lever la tête et d'avoir un syndicat fort. Avant, nous n'avions pas compris le message du Président, mais, aujourd'hui, je crois qu'il nous a demandé de lever la tête pour ne pas voir ce qui se trame au-dessous des tables, et non pour combattre la fraude et les intérêts des opprimés”, fulmine un des syndicalistes sous le couvert de l'anonymat. Les raisons de sa colère, c'est la fermeture de l'une des unités de l'entreprise depuis deux ans. Quand les membres de cette unité ont voulu connaître les causes de cet arrêt, les responsables leur ont fermé la porte et refusé de fournir toute explication. Selon un document remis par les travailleurs que nous avons rencontrés sur place, il est stipulé que la protestation des travailleurs survient en réaction à l'attitude de la direction accusée de “tourner le dos aux problèmes de fond de l'entreprise ; plan de charge inexistant, personnel sans activité livré à lui-même, matériel immobilisé exposé au pourrissement en plus du flou qui entoure la distribution des promotions”. D'après le document, “la faillite de l'entreprise est due à la mauvaise gestion et au laisser-aller des responsables”. Bien qu'une promesse de restructuration de l'entreprise soit préconisée par le conseil d'administration en 2005, à ce jour rien n'est fait. “Le semblant d'application de cette restructuration fin 2008 n'est qu'un leurre et un moyen de masquer les incohérences existantes et contradictions d'un mode de gestion néfaste, et surtout de gagner du temps”, ajoute le document.