Que pensez-vous des partis de gauche en Algérie ? Les partis de gauche ont maintenu dans la clandestinité puis dans le pluralisme la perspective démocratique et sociale annoncée par novembre, préfigurée à la Soummam et régulièrement contrariée depuis 1957 après l'assassinat de Abane, par le système Boussouf-Boumediene qui perdure encore. Cet engagement n'a pas permis d'arriver à conquérir le pouvoir dans une scène politique où la compétition est dévoyée par la violence, mais a permis de donner des repères et de garder le cap sur un parachèvement institutionnel digne du combat libérateur, sauvant du même coup le pays des tentations théocratiques où l'ont fourvoyé des dirigeants apprentis sorciers. Où se situe le RCD ? La lecture des textes fondateurs du RCD est claire. Le Rassemblement est un parti social-démocrate. Par fidélité et nécessité. Il faut libérer les énergies de la bureaucratie prédatrice et garantir la justice sociale qui est une exigence historique de notre peuple. Le message de la Soummam qui revendique un Etat démocratique et social est plus que jamais d'actualité. Coupler la performance économique à la gestion transparente de la richesse nationale est le défi d'hier et d'aujourd'hui. Pourquoi le RCD veut-il adhérer à l'Internationale socialiste ? Le forum de l'IS est un espace de communication et de solidarité important, même s'il a perdu de sa notoriété ces dernières années. Le RCD a postulé pour être membre de cette organisation pour prouver que les forces démocratiques algériennes sont capables d'être une alternative à la fois au régime et à l'intégrisme, tenaille dans laquelle certaines forces politiques de gauche ont longtemps voulu enfermer le destin algérien. Qu'est-ce qui empêche le RCD d'y adhérer ? Vous savez que le poids du PS français, relais et animateur du « qui tue qui ? », fut longtemps déterminant dans tout ce qui touchait au dossier algérien. Les amis allemands, espagnols, grecs ou italiens qui ont toujours partagé nos vues n'ont pas pu transcender l'hégémonie française. Mais même chez les socialistes français, les choses sont en train d'évoluer grâce aux nouvelles générations. Cela dit, et sans ignorer l'importance des relations internationales qui ne sont pas réductibles à l'IS, loin s'en faut, l'essentiel de notre avenir se joue chez nous. C'est la formation de la jeunesse et la permanence du travail de proximité, pas toujours visibles, qui marquent le terrain ; c'est ce que nous faisons au quotidien.