L'Otan a bombardé un camion-citerne que les talibans ont accaparé dans le nord du pays. Les victimes seraient des talibans et des civils. Le secrétaire général de l'Otan a promis une enquête « immédiate et complète ». L'opération semble davantage à une bavure. Environ 90 personnes ont été tuées hier dans le bombardement, par l'Otan, d'un camion-citerne d'essence dans le nord de l'Afghanistan, la plupart des morts étant des talibans, a assuré un porte-parole des autorités afghanes locales. D'autres sources ont évoqué la présence de nombreux civils parmi les victimes. Jeudi soir, les talibans se sont emparé de deux camions transportant du carburant destiné aux forces internationales à Angorbagh, dans la province de Kunduz, explique Baryalaï Basharyar Parwani, chef de la police locale. « Un camion s'est embourbé dans le lit d'une rivière, il y avait des civils avec les talibans et ils ont été bombardés, plus de 90 personnes ont été tuées ou blessées », a-t-il assuré dans la matinée. Entre 200 et 250 villageois s'étaient massés autour du camion, a indiqué à Kaboul le porte-parole du ministère de la Santé, Farid Rahil. « Hélas, un grand nombre de civils ont été tués et blessés », a-t-il ajouté. Mohammad Daud, 32 ans, un rescapé, raconte que les talibans avaient dit aux villageois qu'ils pouvaient venir se servir dans un des camions embourbé dans la rivière. « Les villageois se sont rués avec tous les bidons et bouteilles qu'ils pouvaient emporter. » « Il y avait 10 à 15 talibans sur le toit de la citerne et c'est à ce moment qu'ils ont bombardé ; tous ceux qui étaient là sont morts », assure Mohammad Daud. Une enquête « immédiate et complète » Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a promis une enquête « immédiate et complète » sur le bombardement de l'Otan. « Le peuple afghan doit savoir que nous sommes fermement engagés à le protéger et que nous allons enquêter complètement et immédiatement sur cet incident », a déclaré à la presse Anders Fogh Rasmussen depuis le siège de l'Alliance à Bruxelles. Ce drame survient alors que les forces internationales, composées pour la majeure partie de troupes américaines, sont accusées de plus en plus fréquemment de bombarder sans distinction et de tuer parfois de nombreux civils en Afghanistan, où quelque 100 000 soldats étrangers combattent l'insurrection des talibans. Cette frappe aérienne intervient surtout quatre jours après que le chef des forces américaines et de l'Otan dans le pays, le général Stanley McChrystal, eut recommandé dans un rapport de « revoir la stratégie » des troupes internationales après huit années de conflit, notamment dans le but de gagner la confiance des populations.