L'Otan a reconnu hier que des civils avaient été tués et blessés dans le bombardement aérien vendredi par ses avions de citernes d'essence dérobées par les taliban à Kunduz, dans le nord de l'Afghanistan. Une enquête préliminaire «a conduit la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf, la force de l'Otan) à croire que des insurgés, mais aussi des civils, ont été tués et blessés par la frappe aérienne», indique l'Isaf dans un communiqué. Mais la force de l'Otan mène une enquête plus approfondie pour déterminer le nombre exact des victimes civiles, selon le texte. Des dizaines de personnes ont été tuées dans la frappe aérienne mais le bilan reste controversé pour l'instant quant au nombre de civils et de taliban parmi les victimes, dans l'attente du résultat des diverses enquêtes (gouvernement afghan, Otan, ONU). Les sources officielles ont toutes évoqué pour le moment une majorité de taliban tués. Ces derniers ont nié avoir perdu des hommes dans le bombardement, affirmant que toutes les victimes étaient des civils. Le commandant de l'Isaf, le général américain Stanley McChrystal, a désigné des officiers canadien, américain et allemand pour enquêter de manière approfondie sur le raid aérien de Kunduz, selon un communiqué de l'Isaf. C'est un officier allemand qui avait demandé vendredi que des avions de l'Otan bombardent deux camions-citernes dérobés par les taliban, autour desquels se trouvaient, selon des témoins, des dizaines de civils venus se servir en essence à l'appel des insurgés. D'après l'Isaf, l'officier allemand «pensait qu'aucun civil ne se trouvait dans la zone». L'équipe d'enquêteurs de l'Otan «coordonnera ses recherches avec l'équipe d'enquêteurs afghans formée par le président Hamid Karzaï», précise le communiqué. L'Isaf prévient que l'enquête devrait prendre «plusieurs semaines», et ses conclusions «seront partagées avec les autorités afghanes et allemandes» afin qu'elles puissent en assurer «le suivi de manière appropriée». Les taliban ont demandé lundi soir dans un communiqué que la communauté internationale fasse la lumière sur le «crime» commis à Kunduz. Le communiqué transmis par courriel par les taliban montre une liste des noms, professions, âges et adresses des victimes civiles qu'ils disent avoir recensés pour le moment, au nombre de 79, parmi lesquelles figurent une vingtaine d'enfants dont le plus jeune a huit ans. Les rebelles affirment que ce bilan va encore augmenter. Le président afghan Hamid Karzaï, qui a ordonné une enquête gouvernementale, évoquait lundi dans le quotidien français Le Figaro «plus de 90 morts», dénonçant une «erreur de jugement», tandis que le gouverneur de Kunduz parlait dimanche de 48 taliban et seulement six civils tués. La nouvelle a suscité l'émotion dans les capitales occidentales, dont plusieurs dirigeants - France, Italie, Luxembourg notamment - ont ouvertement critiqué la frappe aérienne, alors que l'Otan vient d'annoncer une nouvelle stratégie visant à protéger les civils et gagner la sympathie de la population. Les bavures des forces internationales se sont multipliées ces derniers mois. Les civils restent les premières victimes du conflit.