Les salines que partagent les villages d'Imellahene, sur les hauteurs de l'Amacine à l'extrême ouest de la commune de Feraoun, dans la wilaya de Béjaïa, offrent un paysage unique aux yeux. Des dunes de sel, blanc comme neige, reposent sur les bordures des bassins. Il s'agit de l'un des rares endroits abritant de nos jours un métier ancestral, où l'on fabrique du sel. Selon des villageois, l'apparition des trois sources salines a fait suite à un coup miraculeux du dévot Sidi Ahmed Aâdnane qui, en enfonçant sa canne dans le sol, a fait jaillir une eau. D'autres, lie cet héritage au passage des Romains par la région. Une hypothèse que des indices pourraient bien confirmer telle que la façon dont la source de Timellahine Ouada est aménagée et le style de conception des anciennes surfaces d'eau. Des parties qui ressemblent beaucoup aux « chemins romains ». Contrairement à cette époque lointaine, la production du sel à Imellahene est aujourd'hui maigre car beaucoup de sauniers ont abandonné ce site qui offre un spectacle des plus désolants dans quelques endroits. Le métier est en voie de déperdition. Comme nous l'avons constaté, la grande partie de ce pôle important, se trouvant notamment au niveau de Timellahine Oufella, est laissée sans entretien. En outre, les pièces principales assurant la chaîne de production de cet or blanc se trouve dans un état lamentable. Les ruisseaux, les semi-puits et les tables salines sont dans un état de délabrement très avancé et la majorité des bassins en état de ruines. Les lieux sont devenus aussi le réceptacle des ordures ménagères. De plus, Timedwa sont quotidiennement investis par des jeunes de la région en été pour s'y baigner défiant ainsi le danger. Une situation qui suscite désolation chez les villageois d'Imellahene notamment les plus âgés à l'image de Dda Mohand qui exprime son profond regret : « Actuellement, il ne reste pratiquement que le nom que porte notre région en référence à la production du sel. Jadis, Tamellaht était une source de richesse pour toute la région. Des hommes plein de vie et d'espoir ont pratiqué passionnément ce métier. Ils se déplaçaient jusqu'aux contrées lointaines pour vendre leur récolte fortement demandée ». Aujourd'hui, les habitants des villages d'Imellahene que sont Aït Ounir, Iaâdnanene et Ichekaben, réputés pour cette activité traditionnelle, préfèrent s'alimenter en sel traité et conditionné.