Le calme est revenu progressivement au Gabon où l'élection présidentielle, qui a vu la victoire du fils du défunt président gabonais Omar Bongo, a suscité bien plus que de la simple contestation puisqu'il y a eu mort d'homme. Et d'aucuns se demandent en cet instant si ceux qui avaient dénoncé l'étouffement de la contestation du scrutin de même nature en Iran allaient réagir de la même manière. Mais là est une autre question, car celle qui revient avec insistance a trait à l'instauration de la démocratie sur le continent. Là, les données de corsent, avec cette tendance à vouloir conserver le pouvoir à tout prix ou encore son mode de transmission qui n'est pas univoque. Il se trouve que le discours relatif à la démocratie est souvent porté par ceux qui n'y croient pas pour en avoir donné la preuve de différentes manières et la plus évidente d'entre elles est l'absence de contre-pouvoir et même de partis. Ce discours, malheureusement, est favorisé de l'extérieur. On a vu effectivement de grandes puissances citer ces pays comme exemples. Oui, rien que cela. De la même manière qu'ils s'en prennent à d'autres, même si ceux-là ne sont pas éloignés de ce qui tient lieu de standards internationaux, et là on comprend aisément que de tels raisonnements sont commandés par l'intérêt seul. Sans le moindre état d'âme. Pourtant, l'Afrique s'efforce de prendre sur elle la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, décidant pour cela, depuis le sommet d'Alger de 1999, d'exclure de ses rangs les régimes issus de coups d'Etat. Pour tout dire, la tentation du pouvoir et les problèmes locaux étaient plus forts que cet appel parvenant à l'étouffer. Depuis cette date, soit depuis dix ans, on ne compte d'ailleurs plus les coups de force et les coups d'Etat, jusque et y compris là où, se dit-on, il n'y a pas d'enjeu, matériel bien entendu, contrairement aux zones de guerre qui recoupent bien souvent les centres de richesses du continent. Même là, l'Afrique a prouvé qu'elle fait ce qu'elle peut pour y remédier, mais sans résultat probant faute de moyens que ne possèdent que les grandes puissances, et encore pas toutes. Un plan d'action a bien été adopté à la fin du mois dernier « pour trouver des solutions urgentes aux crises et conflits » en Afrique, sans toutefois réaliser d'avancées concrètes par rapport au sommet ordinaire de juillet à Syrte, en Libye. Rien n'est laissé au hasard, mais l'Afrique rappelle à qui de droit qu'elle n'a pas besoin de bons mots – de circonstance – mais de soutien concret. L'on se rendra compte que les interférences et les intérêts étrangers ont favorisé et même protégé des régimes dictatoriaux. Tout se négocie, sans le moindre respect pour les millions de personnes qui ne demandent qu'à vivre, avec ce que cela suppose comme droits et libertés.