Quels sont les motifs qui avaient poussé un des travailleurs à s'armer d'une barre de fer et à s'en prendre à toutes les voitures en stationnement dans le parking du rectorat de l'université Badji Mokhtar de Annaba ? Même si l'auteur de cet acte de vandalisme a fait l'objet d'un licenciement que beaucoup estiment injuste, des travailleurs interrogés ont affirmé que le comportement de leur collègue est l'expression d'un ras-le-bol que beaucoup d'autres travailleurs auraient voulu extérioriser, particulièrement ceux qui avaient cru en le multisyndicalisme en créant une section Snapap. Ils sauront ce que leur choix allait leur coûter à la réception de leur bulletin de paie et dans leur relation de tous les jours avec leur hiérarchie. Lors de l'assemblée générale organisée lundi dans l'enceinte de l'université à Sidi Amar, le jeu des uns et des autres et les enjeux politiques, sociaux et professionnels allaient éclater au grand jour. Les quelque 800 travailleurs sur les 3000 en activité, dont 1400 enseignants en majorité affiliés à l'UGTA, paraissaient être indifférents à ce que deux membres du conseil syndical en fin de mandat déblatéraient à leur intention genre : « Nous sommes les meilleurs. Que ceux qui ont décidé d'adhérer à un autre syndicat révisent leur position, à défaut... » Ce sont certainement ces propos et beaucoup d'autres qui seraient à l'origine de la crise de folie dont a été victime le travailleur licencié, un père de famille. Il avait eu le tort de parler de la Snapap et de dénoncer des actes d'injustice dont plusieurs de ses collègues et lui-même avaient été victimes. Pris d'une brusque crise de folie, quelques minutes après avoir entendu un syndicaliste mettre sur le même pied d'égalité de compréhension l'enseignant universitaire et le simple agent de service, il s'était armé d'une barre de fer. Avant d'être maîtrisé par ses anciens camarades, il aura eu tout le temps de faire voler en éclats les pare-brises des voitures et gravement détérioré plusieurs autres du personnel du rectorat et des enseignants. A quelques dizaines de mètres plus loin, des étudiants sur les 45 000 (2000 en postgraduation ) répartis dans 7 facultés suivaient avec intérêt ce qui se passait. Ils ne croyaient pas que, dans cette enceinte du savoir à l'ère du multipartisme, il puisse encore exister des travailleurs injustement sanctionnés, des enseignants universitaires classés, malgré eux, à la plus basse échelle professionnelle et qu'aucun des quatre vice-recteurs n'eut été désigné pour suppléer à l'absence du recteur.